Cette chronique est à écouter

La santé mentale des salarié·es est en berne. Selon un rapport publié fin septembre par l’ONU, 12 milliards de journées de travail sont perdues tous les ans dans le monde du fait de la dépression et de l’anxiété. Et pour cause : un adulte sur six en âge de travailler souffrirait d’un trouble mental selon l’Organisation Mondiale de la Santé. Alors bien sûr le Covid 19 est passé par là : la fatigue émotionnelle et l’isolement ont contribué à éroder notre résistance au travail. 

Mais il a aussi laissé d’autres traces dans l’organisation du travail. D’après  une étude de la Dares parue mercredi dernier (23/11), 10 fois plus d’accords sur le télétravail en entreprise ont été signés entre 2017 et 2021. Alors, la bonne nouvelle c’est que cela semble répondre aux aspirations des salarié·es puisque selon un autre sondage l’exigence du travail au bureau à plein temps est désormais le 2ème motif de refus d’une offre d’emploi de la part des salarié·es. 

La santé mentale au travail : un enjeu de plus en plus pris en compte

La mauvaise nouvelle, c’est que, ô surprise, en France 1 télétravailleur·euse sur 4 éprouve de la solitude, un des ingrédients du cocktail explosif qui mène droit au burn out et à la perte de sens dans le travail. Alors que 70% des salariés français disaient que le travail était très important dans leur vie en 1999, aujourd’hui, ils ne sont plus que 19% ! 

Mi-septembre, la Fédération des intervenants en risques sociaux, qui rassemble 23 cabinets spécialisés, a tiré la sonnette d’alarme en présentant un guide intitulé Télétravail : de nouveaux risques, une prévention à adapter qu’Emmanuel Charlot, le trésorier de cette fédération, résume ainsi : « Comme c’est un mode d’organisation qui nous arrange bien, nous avons tendance à mettre les inconvénients de côté. Or, c’est à moyen ou long terme que les risques psychosociaux peuvent se manifester. »

Chats alors !

Sans tout mettre sur le dos du télétravail, il semble tout de même qu’il y ait un décalage entre notre aspiration à plus de flexibilité dans nos boulots, permise entre autres par les nouvelles technologies, et la dégradation de la santé mentale. Comment les RH peuvent-elles conjurer le phénomène ? A l’heure où la majorité des réunions se déroulent sur Teams, Zoom ou Meet, le babyfoot et la machine à café seraient-ils déjà les reliques d’un monde disparu où les patron·nes croyaient dur comme fer que détente et turbin pouvaient rimer ensemble ?

Une chose est certaine, le malheur des uns fait le bonheur des autres : la Mental Tech est en plein essor. Il existe à peu près 20 000 applications mobiles dédiées à la santé mentale, dont certaines spécialisées dans l’aide aux salarié.es. Dans une étude parue en octobre dans le Journal of Medical Internet Research (JMIR) des chercheurs, chercheuses et professionnels de la santé mentale ont testé et approuvé 12 applications mobiles de santé mentale disponibles en langue française sur les différents Store.

Soulignons toutefois qu’en raison du manque de recul scientifique sur la question, ils hésitent encore à y recourir dans le cadre de leur profession. Côté utilisateurs et utilisatrices, pas facile non plus pour les collaborateurs et collaboratrices de s’épancher sur une appli, sans savoir, encore une fois, où vont les données. Un esprit sain dans un corps sain, à la maison ou au travail, ce n’est pas la recette du bonheur, mais a minima celle de notre bien-être.