Une chronique Nova x Chut! Magazine

Trouver un rendez-vous pour un médecin, un spécialiste, c’est souvent devenu la mission, surtout si vous habitez loin des grandes villes. Se faire soigner revient désormais à un parcours du combattant·e, à tout âge. Un pédiatre ? Pas dispo. Un ou une généraliste ? Surchargé·e. Un, une spécialiste ? Pas avant six mois, voire un an. Et en autant de temps, il peut s’en passer des choses. L’accès au soin n’est pas le même pour tous et toutes en fonction de votre lieu d’habitation, ce qui se répercute sur l’espérance de vie aussi, c’est une triste réalité. C’est ce qu’a révélé une étude demandée par l’association des Maires ruraux de France.

Les limites du numérique

Le numérique a-t-il sa carte à jouer dans le domaine ? Certainement. Il a facilité la prise de rendez-vous avec le mastodonte Doctolib, et la consultation video a pris son envol, poussée par les confinements et la crise Covid. Ce qui était encore anecdotique il y a 3 ans a pris une toute nouvelle ampleur avec les confinements, passant de 80 000 téléconsultations en 2019 à 9,4 millions en 2021 (Sources : Dress). Pas de remède miracle toutefois. La crise du soin dans les campagnes est encore bien vivace. Comme nous le rappelait Pierre Simon, fondateur de la société française de télémédecine, “la télémédecine n’est pas un remplacement de la consultation physique, c’est un complément.”

Face à cette pénurie de médecins, les pharmaciens et pharmaciennes sont devenu·es les premières aides soignantes et aide soignants de France. S’ils peuvent désormais vacciner contre la grippe ou le covid, réaliser des tests antigéniques et réaliser des soins de premiers secours, ils donnent accès également à des cabines de téléconsultations dotés d’outils de télémédecines, tels que tensiomètre, pour vérifier la tension, otoscope pour les tympans, oxymètre pour mesurer l’oxygénation du sang, thermomètre ou encore stéthoscope et dermatoscope, pour regarder les lésions de la peau. Les acteurs comme Medadom, Tessan ou HD4 en sont des exemples. Pratiques pour désengorger les cabinets des généralistes et soigner ce qui relève de la bobologie. Moins utiles dans des cas de pathologies plus graves, et peu accessibles pour les moins “technophiles”. 

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Pour tenter de trouver des solutions tangibles face à cette crise du soin, des villes innovent à l’image de ce cabinet médical libéral de télémédecine, ouvert le 22 mai dernier au Mans, dans la Sarthe. Les patients et patientes peuvent se tourner vers cette nouvelle solution de santé, quelle que soit leur appétence pour les outils du numérique. Ils et elles bénéficient ainsi d’un lieu avec une connexion adaptée pour la télémédecine. Pendant les téléconsultations, la patiente ou le patient est accompagné·e par un ou une infirmière libérale ou d’un ou une autre professionnel·le de santé, tout en échangeant avec un médecin par caméra interposée. En plus de proposer un suivi de santé plus adapté, l’objectif est de désengorger les urgences débordées.

En attendant que les médecins acceptent de nouveau de s’installer dans les campagnes, le numérique se pense comme un nouveau remède. Tout cela nous permettra-t-il de rétablir l’égalité d’espérance de vie entre ville et campagne ? On ne peut que l’espérer. En attendant, vivre mieux ou plus longtemps, apparemment il faut choisir.