Chronique Radio Nova x Chut!

L’école, c’est fait pour grandir, pas pour souffrir.” Ces quelques mots vous les avez peut-être déjà lu dans la salle d’attente d’un cabinet médical ou sur les murs d’une école ou d’un collège. Le harcèlement scolaire, amplifié par le cyberharcèlement, est devenu l’un des grands fléaux de notre époque. Il détruit et tue, comme nous le rappelle le suicide le 12 mai dernier de Lindsay, jeune fille de seulement 13 ans.

Des débuts de solution

Le cyberharcèlement dont elle a été victime a rendu “la violence omniprésente et illimitée”, comme le rappelle le collectif Stop Fisha sur ses réseaux. L’association féministe, qui œuvre contre le cybersexisme et les cyberviolences sexistes et sexuelles, nous dévoile alors une pratique présente dans les cours d’école qui a de quoi faire froid dans le dos et dont a été victime la jeune fille, le Happy Slapping. La traduction littérale est tout aussi glaçante, donner joyeusement des baffes. Bien sûr, il n’est pas question de cela, il est question d’humiliation augmentée, les réseaux sociaux se faisant la caisse de résonance de cette haine à outrance. 

Comment lutter contre ce phénomène ? A la rentrée 2023, il est prévu que le programme Phare (Le plan de prévention du harcèlement à destination des écoles, des collèges et des lycées) soit généralisé, de l’élémentaire au lycée. A l’école élémentaire et au collège, des actions de sensibilisation seront menées dès le CP. Des ambassadeurs et ambassadrices au collège et au lycée  continueront d’être désignés chaque année, comme lanceurs et lanceuses d’alerte. Et 10h de cours par an seront désormais dédiées à la prévention du harcèlement et au développement des compétences psychosociales. Les numéros d’appel 3018 et 3020 sont toujours disponibles pour écouter et conseiller les enfants et familles concernées. Et pourtant, tout cela ne suffit pas, d’autant plus dans une société où les adultes eux-mêmes ne perçoivent pas assez que se cacher derrière l’écran de leur smartphone ne leur donne pas le droit de s’en prendre aux autres.

Donner l'exemple

Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, a présenté mi-mai au Conseil des Ministres un projet de loi pour sécuriser et protéger l’espace numérique. Le cyberharcèlement, au sens large, fait partie de ces crimes ciblés par le gouvernement, qui tient à alourdir les sanctions encourues pour les adultes qui se comportent, dit-il, comme “des chefs de meute, qui embrasent leur communauté et qui déclenchent des raids ciblés”. Réguler et sécuriser Internet par la loi devient une mission essentielle de l’État, c’est certain. Aux adultes en premier lieu de donner l’exemple. Dès lors que faire pour nos enfants, en plus de leur donner le bon exemple ?

L’éducation au numérique, aux usages du numérique, aux impacts de celui-ci et au e-civisme demeure essentielle, à tout âge. De même qu’une réelle éducation à la bienveillance collective. Cela existe déjà en Finlande, pourquoi pas en France.