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Une réunion au sommet

Les 8 et 9 mars derniers, le conflit ukrainien était à l’ordre du jour de la rencontre des ministres européens du numérique, qui se tenait en France. De l’aveu même de Cédric O, secrétaire d’Etat chargé de la Transition numérique, ces réunions sont d’ordinaire « un peu convenues ». Mais cette fois, toujours selon le principal intéressé, « elles ont donné lieu à de vrais échanges, que ce soit sur la désinformation, la cybersécurité ou la résilience des infrastructures. » Preuve que le numérique est devenu une arme de guerre, du matériel télécoms va être livrés aux Ukrainiens afin d’assurer une continuité sur le front de l’information dans le pays.

Le Digital Service Act

La bataille de la communication menée par le président Zelensky sur les réseaux sociaux, devrait par ailleurs achever de convaincre celles et ceux qui douteraient encore de l’importance de la bataille menée contre la désinformation en ligne. Adopté par le Parlement européen en janvier, le Digital Service Act, qui est censé responsabiliser les plateformes sur la qualité des contenus qu’elles diffusent, n’est toujours pas transposé dans le droit des pays membres. Mais face à la guerre, tout s’accélère. Suite à leur rencontre, les ministres chargés du numérique ont appelé à l’unanimité les plateformes en lignes et les fournisseurs d’accès à internet à prendre davantage de mesure pour lutter contre la manipulation de l’information en ligne.

Cyberdéfense

Côté cyber sécurité, la guerre a ravivé le besoin de créer en urgence une ligne de défense commune. Suite à leur réunion, les ministres ont réaffirmé le besoin d’une mise en œuvre rapide de deux directives dans les tuyaux des institutions européennes depuis quelques mois. La première, le Network and Information Security (NIS2), doit assurer un niveau élevé et harmonisé de sécurité des réseaux et systèmes d’information essentiels. La seconde, le Cyber Resilient Act, doit doter l’Europe d’une doctrine et d’une politique commune en matière de cyber-défense.

L’Union européenne ne dispose pas d’armée commune et n’est pas en conflit direct avec la Russie. Mais l’époque nous met face à un étrange paradoxe. Même lorsque la hache de guerre est enterrée, elle reste dangereuse, car elle pourrait bien trancher les câbles sous-marins. Alors osons cette conjecture : à l’intérieur de l’esquisse d’une Union sacrée européenne autour du numérique se dessine également une Europe de la défense.