Si vous allez encore sur Twitter ces derniers temps, vous verrez qu’on y parle beaucoup … de Twitter et surtout d’une possible mort du réseau social. Il faut dire que la plateforme essuie les effets collatéraux des dernières annonces de Musk.

Après le licenciement de 3700 personnes, et 5000 autres contractuels responsables de la modération qui ont appris la nouvelle directement par un tweet du journaliste indépendant américain Casey Newton, puis une nouvelle vague de démissions suite à un ultimatum du patron demandant à ses employés de “travailler de longues heures à haute intensité”, Elon Musk a organisé un sondage aboutissant à la réactivation du compte de Donald Trump !

Depuis c’est l’affolement sur la plateforme où règnnt de faux airs de fin du monde. Les annonceurs publicitaires se retirent, les hashtag #RIPTwitter et #TwitterDown fleurissent croissent au même rythme que les défections d’utilisateur·rices, dont certain·es et puis ont annoncé mettre le cap sur une terre encore inconnue du grand public il y a peu : le réseau social Mastodon.

Quelle politique réseau social pour les politiques ?

Mais tout le monde a-t-il sa place, son petit lopin de terre chez Mastodon ? Pour le savoir, procédons à un petit test appliqué à une catégorie importante d’utilisateur·rices de Twitter : les femmes et les hommes politiques. Chut! a relevé quatre différences entre les deux réseaux sociaux :

Le fonctionnement du réseau. Mastodon est un réseau décentralisé comportant des milliers de serveurs, gérés individuellement par une personne ayant le pouvoir de bannir un utilisateur·rice. Ce qui, forcément, change tout pour les politiques. Sur Twitter, les amateur·rices de clash n’ont rien à perdre si ce n’est d’être bloqué par un ou plusieurs autres comptes, ce dont, au passage, certains twittos tirent une forme de glorification car leur blocage renforce l’aura dont elle dispose au sein de sa communauté. A l’inverse, sur Mastodon, si le responsable d’un serveur vous bloque, c’est l’ensemble des personnes présentes sur ce serveur qui n’auront plus accès à vos posts (vos “pouets” en l’occurrence).

L’hégémonie politique. Conséquence de cette différence de modération, Mastodon semble (pour l’instant ?) exempt de discours, et de comptes, affiliés à l’extrême-droite. Mastodon est pour l’instant ancré bien à gauche puisque, parmi les candidats à l’élection présidentielle, le compte de Philippe Poutou est à ce jour le plus suivi. A noter également dans le peloton de tête la présence de Sandrine Rousseau et de Jean-Luc Mélenchon (sous forme de compte “miroir” de son compte Twitter)

La viralité. La propension d’un mot dièse à être partagé des millions de fois en quelques heures a fait de Twitter un tremplin incontournable des ambitieux de la politique. A l’inverse,le principe des serveurs de Mastodon rend plus difficile la propagation viral d’un message en dehors de sa zone de frappe habituelle.

La taille. La caisse de résonance reste aussi limité : rappelons que le réseau compte seulement 2 millions d’utilisateurs, contre environ 240 millions pour Twitter.

La présence ou non de personnalités politiques est un des critères nécessaires à l’explosion d’un réseau social dédié aux opinions. Pour l’instant, Mastodon est certainement un bon endroit où partager ses idées (encore que des critiques sur la complexité de son fonctionnement sont apparues ces derniers jours) mais pas forcément celui pour les faire connaître au plus grand nombre.