Opération Ratatouille pour Amazon
À vous qui vivez une perpétuelle dissonance cognitive lorsque vous achetez sur Amazon tout en critiquant l’entreprise, cette chronique vous est dédié.
Non Amazon n’a pas la cote en France. Rien d’étonnant donc à ce qu’une lettre de Blanche Gardin, dans laquelle l’actrice et humoriste explique à Jeff Bezos, le richissime fondateur de la firme, les raisons de son refus de participer à l’émission LOL, qui rit sort, ait fait la une des médias récemment.
Évasion fiscale, concurrence déloyale, petits commerces en berne, exploitation des salariés … Le désamour de l’Hexagone envers l’entreprise symbole de l’ultra-libéralisme est plus prononcé que dans d’autres pays européens comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni. Aux Etats-Unis, c’est même plutôt la tendance inverse qui se confirme, même si 27 000 salarié·es ont été renvoyé·es depuis novembre 2022 en raison de la tendance baissière du marché de la tech cette année.
Alors, pour redorer son image en France, le géant de la livraison a mis au point depuis 3 ans un vaste plan de communication nommé Ratatouille, d’après les informations révélées début avril par le média américain Bloomberg.
Made in Ratatouille
On l’aura compris, Ratatouille est une référence au film de Pixar de 2007 dans lequel un rat réussit à faire reconnaître ses talents de cuisinier malgré son apparence de rongeur. L’idée de ce ravalement de façade est qu’on arrête de voir en Amazon ce vilain nuisible qui envahit le sol français. Autrement dit, il s’agit de dédiaboliser l’entreprise en donnant à la marque une connotation supposément plus proche de l’imaginaire des français·es.
Et pour cela, rien de mieux que le made in France. Depuis quelque temps, la plateforme amazon.fr valorise les produits fabriqués en France dans une section dédiée, visible en une sur son site.
Amazon essaie également de se rapprocher des petit·es producteur·ices et des agriculteur·ices. Pour la première fois cette année, l’entreprise a eu son stand sur le salon de l’agriculture. D’autre part, elle multiplie les études par lesquelles elle entend démontrer que son impact sur le territoire français est positif. Au total, Bloomberg révèle qu’une douzaine d’initiatives feraient partie du plan de com’ Ratatouille.
Opération séduction
Cela vous rappelle peut-être quelque chose ? A une époque, celui qu’on n’aimait pas beaucoup en France, c’était McDo. José Bové avait même démonté le McDo de Millau dans l’Aveyron, devenant ainsi le porte étendard de la lutte contre la malbouffe et la standardisation de l’alimentation. Depuis, l’enseigne a inventé le Mc Baguette, et peint son logo en vert pour tenter de reléguer aux oubliettes son image de malbouffe qui lui colle à la peau.
L‘opération séduction d’Amazon souligne l’importance économique que représente pour elle le marché français, qui compte 20 000 employé·es et domine le marché du commerce électronique. Peut-on également voir dans cette stratégie une tentative de préparer le terrain pour les concepts de supermarchés AmazonGo et Amazon Fresh ? Ces magasins, déjà présents aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ont la particularité d’utiliser la technologie just walk out, qui permet de supprimer les caisses des supermarchés grâce à un système de caméras et de l’intelligence artificielle.
Une chose est sûre, nous n’avons pas fini d’entendre parler d’Amazon.
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