Sur le bord des routes numériques

Neuf heures du matin. La température proche de zéro et le vent glacial de la Côte d’Opale renforcent la sensation de froid. Thibault et Léa, deux des trois éducateur·rices du dispositif Pamela (Point Accueil Mobile Écoute Liaison Accompagnement) de Berck-sur-Mer (62), s’embarquent à bord de leur camping-car.

Un véhicule tout ce qu’il y a de plus classique, si ce n’est qu’il est siglé des logos du Fiac (Foyer international d’accueil et de culture), l’association berckoise porteuse du projet Maraud’In, et s’apparente plus à un bureau nomade avec toute l’installation nécessaire.

Bien à l’abri des turbulences liées au mauvais état des routes de campagne, dans les placards aménagés, les dossiers d’accompagnement social et différents formulaires remplacent les bagages. On y trouve aussi tout l’équipement numérique pour travailler dans les meilleures conditions possibles : une imprimante, un scanner, un ordinateur portable. Et pour les usagers, deux tablettes numériques et un téléphone mobile.

Après quarante-cinq minutes de routes sinueuses, le camping-car stationne comme il peut sur le bas-côté de la départementale menant à Saint-Denoeux. La terre gelée en profondeur évitera l’embourbement du camion. Léa prépare un café pendant que Thibault jette un coup d’oeil par la fenêtre arrière gauche et aperçoit monsieur M. se réchauffant autour d’un feu de camp.

Il est l’une des personnes suivies parmi la centaine d’accompagnements effectués par le dispositif Maraud’In. Ce projet expérimental de maraude sociale numérique a été créé en 2020 sur les bases des maraudes sociales déjà en place, à la suite d’un appel d’offres de la Fas (Fédération des acteurs de la solidarité). L’homme vit dans une toute petite caravane, sans eau ni électricité ni réseau téléphonique.