Un grand pouvoir pour quelles responsabilités ?

Au 1er janvier 1818 naît le premier humain augmenté de la littérature moderne. Sous la plume de la jeune Mary Shelley, la créature du docteur Victor Frankenstein reflète la façon dont la période pré-industrielle tente de répondre à l’angoisse de mort, en assimilant l’électricité tout juste découverte, le « fluide galvanique », à l’étincelle de vie. Frankenstein nous met en garde en posant une question simpliste, binaire mais toujours d’actualité : ne sommes-nous, au fond, qu’un amalgame de chair, de sang et d’im-pulsions électriques ?
Fin XIXe, Auguste de Villiers de l’Isle-Adam met en scène, dans L’Ève future (1886), Thomas Edison. Ce dernier créé une « Andréïde », une femme supposée parfaite, animée grâce à l’électricité. Dans ce roman, Lord Ewald est amoureux d’une femme décrite comme aussi belle que stupide. Le célèbre inventeur lui propose d’en créer une version perfectionnée, toute aussi charmante mais moins bête. Au travers de cette créature, Ewald se pose la question, au-delà du sexisme évident de l’œuvre, du remplacement des humain·es par une version qu’on ima-gine améliorée, parce que dénuée de défauts. Qu’en est-il, dès lors, de ce qui définit l’humanité ? Un siècle plus tard, Blade Runner projettera sur grand écran les mêmes interrogations.