Livres et expos | À lire, à découvrir

« Salut, cher parent. Il paraît que tu galères avec la consommation de jeux vidéo de ta progéniture… Bon, t’inquiète pas, on va prendre le temps de décortiquer tout ça. » Cookie Kalkair nous explique dans une B.D. claire et drôle un sujet qu’il maîtrise bien, puisqu’il travaille dans cette industrie et qu’il est le père d’un jeune gamer. Pédagogue et rassurant — non, la console ne ramollit pas le cerveau ! — il démystifie aussi les modèles économiques du secteur, devenus complexes, ou le cas du « tilt » (crise de frustration). Votre enfant ou ado aime les jeux vidéo ? Faites-en un sujet familial grâce aux clés proposées pour encadrer leur pratique. Bien entendu, l’auteur, lui aussi joueur, a prévu une gamification à la lecture ! 

LES JEUX VIDÉO ET NOS ENFANTS, Cookie Kalkair, éditions Steinkis, mai 2023,
136 pages, 18 euros. (B.D.)

Peut-on mettre la victoire en équation ? Ancien rugbyman international et entraîneur adjoint du Racing 92, Yannick Nyanga a vécu de l’intérieur l’influence exponentielle de la data dans le monde du sport. Dans cet ouvrage écrit à quatre mains avec Aurélie Jean, docteure spécialiste de la science algorithmique, il passe en revue les apports et les limites de l’analyse de données toujours plus abondantes dans la quête de la performance sportive. Aux détours d’exemples puisés dans différentes disciplines, les auteurs esquissent de façon pédagogique les dernières avancées technologiques sans se départir d’un recul critique bienvenu. Un essai concis qui montre que les data sont amenées à devenir des coéquipières au service de l’intelligence et de l’instinct des athlètes.

DATA & SPORT : LA RÉVOLUTION, Yannick Nyanga et Aurélie Jean, L’Observatoire, août 2023, 192 pages, 19 euros. (Essai)

Si vous n’avez rien suivi (ou com-pris) de la révolution ChatGPT, cet essai est pour vous. Depuis son ouverture au grand public fin 2022, cet agent conversationnel est de-venu le visage familier de l’intelligence artificielle. Docteur en IA et entrepreneur, Gilles Moyse expose les jalons du chemin qui en quatre-vingts années de recherche en ma-thématiques, en informatique et en modélisation du langage, a abouti à cette IA dont la dernière version est capable de passer le test de Tu-ring. Ces bases techniques posées, l’auteur entreprend un travail de démystification des récits catastrophés ou trop optimistes et réfléchit à comment concilier les avancées de l’intelligence artificielle et la souveraineté numérique européenne.

« Habiter ce monde sans questionner la performance serait une folie. » Par-tant du constat que l’optimisation est la valeur reine présidant à la moindre de nos actions, y compris celles censées nous faire sortir de l’impasse climatique dans lequel notre modèle économique nous engouffre, Olivier Hamant prône l’adoption du concept de robustesse — à la place de celui de performance ou de sobriété, qui répondent tous deux au besoin d’efficience — pour relever les défis du XXIe siècle. Plutôt que d’apporter des réponses en silo (le tout-numérique ou le tout-électrique) à des problèmes systémiques, il propose de s’inspirer de la capacité du vivant à utiliser ses imperfections pour mieux résister aux fluctuations qui s’exercent sur son milieu de vie.

ANTIDOTE AU CULTE DE LA PERFORMANCE. LA ROBUSTESSE DU VIVANT, Olivier Hamant, éditions Gallimard, août 2023, 64 pages, 3,90 euros. (Essai)

Depuis le 1er mai, le théâtre an-tique d’Orange offre une ex-périence immersive inédite, baptisée « L’Odyssée Sonore ». Enveloppé·es par l’architecture emblématique de ce monument historique, les spectateur·rices plongent dans une expérience de 45 min « à la manière d’Ulysse dans L’Odyssée d’Homère qui dé-couvre royaumes et merveilles », expliquent les organisateur·rices. Au menu : décors et personnages mythologiques générés par des intelligences artificielles et proje-tés par 25 vidéoprojecteurs sur le sol et les façades antiques, créant parfois des « bulles d’immersion ». Munis d’un casque audio HD spa-tialisé et géolocalisé ainsi que de smartphones, les participant·es explorent les détails sonores ca-chés dans le théâtre, tels des tré-sors à découvrir. Une expérience culturelle mémorable !

L’ODYSSÉE SONORE, Théâtre antique d’Orange, jusqu’au 23 décembre 2023

Artiste belge éprise des objets du quotidien, Edith Dekyndt investit les vitrines parisiennes de la Bourse de Commerce. Liées à la marchandisation et à la colonisation, les vitrines sont un point de passage entre deux états : l’objet et l’œuvre d’art. Sous la toile panoramique de la Rotonde, elles se remplissent d’objets domestiques brisés évoquant le théâtre d’objets. Trois vidéos soulignent ce qu’Edith Dekyndt nomme « l’existence fascinante des choses ». Le projet débute avec sa vidéo « Ombre indigène », montrant un drapeau de cheveux noirs en hommage aux anciens captifs africains sur l’île de la Martinique. Une œuvre polysémique qui évoque le mouvement de résistance contemporain et le concept de « Tout monde » du poète Édouard Glissant.

L’ORIGINE DES CHOSES, Bourse de Commerce de Paris, Pinault Collection, jusqu’au 31 décembre  2023.