Nastasia Hadjadji : « L’explosion des crypto-actifs épouse le mouvement de droitisation du monde »
Après quinze ans d’existence, les promesses d’émancipation financière portées par les adeptes des crypto-actifs sont loin d’être tenues. Dans son essai No crypto. Comment Bitcoin a envoûté la planète, la journaliste Nastasia Hadjadji lève le voile sur un système pyramidal et ses racines
politiques réactionnaires.
En 2008 naissait Bitcoin. En 2022, un·e Français·e de moins de 35 ans sur 8 possédait au moins un des 20 000 crypto-actifs disponibles sur le marché. Mais derrière ce succès apparent, tout ne tourne pas rond sur la planète crypto. Pour la journaliste Nastasia Hadjadji, il s’agit surtout d’une arnaque marketée comme une révolution pour exploiter le ressentiment à l’égard de la finance traditionnelle. Dans son essai, dont le titre est un clin d’œil au best-seller altermondialiste de la journaliste Naomi Klein No Logo, elle livre une analyse techno-critique du discours millénariste servi par l’élite de l’industrie des cryptomonnaies, ébranlée depuis plus d’un an par des faillites et des scandales financiers à répétition.
Selon vous Bitcoin est un « phénomène social » et une « religion technophile ». En quoi est-il plus qu’un actif financier classique ?
Bitcoin est le support d’une mythologie singulière et puissante. Les observateurs des phénomènes néo-religieux expliquent que la structure pyramidale de l’écosystème Bitcoin est caractéristique d’un culte. Celui-ci s’organise autour d’une figure à l’aura prophétique, Satoshi Nakamoto, le créateur anonyme de Bitcoin. En dessous, on retrouve ceux que j’appelle les « archevêques », une dizaine de capital-risqueurs qui ont été les premiers à perfuser ce marché à coup de milliards de dollars. Viennent ensuite le « clergé », les premiers investisseurs privés, et les « évangélisateurs » qui utilisent un discours teinté de ferveur religieuse pour convertir les foules à l’orthodoxie Bitcoin. Ils postulent que le système financier actuel est au bord d’un effondrement imminent après lequel adviendra une reconstruction de la société basée sur Bitcoin. Les plus fanatisés d’entre eux se qualifient de « maximalistes ». Sur les réseaux sociaux, ils se mettent en scène de profil avec une auréole autour de la tête et des lasers dans les yeux. Ils partagent également un jargon, une culture symbolique composée d’anagrammes cryptiques et de mèmes incantatoires comme WAGMI, « We’re All Gonna Make It », ou « to the moon ».
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