Le viol comme arme de guerre en Ukraine, angle mort des enquêtes OSINT

L’histoire commence le 23 février 2022. En Californie, un professeur de Middlebury surveille de près le mouvement de troupes russes à la frontière ukrainienne dans le cadre d’un projet académique.

En direct, grâce à la vue satellite de Google Maps, il aperçoit d’étranges embouteillages entre la ville russe de Belgorod et la frontière ukrainienne. Il est 3 h 15 du matin sur place. Alors que la guerre n’a pas encore officiellement commencé, avant toute déclaration officielle des belligérants, la nouvelle de l’invasion de l’Ukraine se répand sur Internet. C’est une première dans l’histoire.

Retranscrite en quasi-direct sur les réseaux sociaux, la guerre en Ukraine est aussi le premier grand conflit à ce point documenté à partir des traces numériques laissées par citoyen·nes et armées, et révèle alors la puissance des méthodes d’enquête Osint, sigle anglo-saxon pour désigner l’ « Open Source Intelligence », soit l’exploitation d’informations disponibles et accessibles à tout un chacun sur Internet.

En témoignent les boucles Telegram qui quadrillent chaque ville, dans lesquelles les Ukrainien·nes publient chaque jour leurs témoignages, les cartes interactives alimentées par une communauté numérique hyperactive ou encore les milliers d’images qui surgissent des profondeurs des réseaux sociaux.