SQOOL TV, la chaîne qui décortique l’essor de l’IA dans l’éducation

Lancée en janvier 2022 par Jean-Yves Hepp, fondateur de Unowhy, SQOOL TV est l’unique chaîne tricolore spécialisée dans l’éducation. Ces derniers mois, un sujet électrise la rédaction : l’intelligence artificielle. Un thème récurrent dans l’émission de Philippine Dolbeau, sous la rédaction en chef de Déborah Raimbault. Interview.
#Education #Parentalité numérique #Intelligence artificielle #Politique #Savoir
Sur SQOOL TV, vous présentez des méthodes pédagogiques novatrices et des témoignages d’expert·es, d’enseignant·es et d’élèves. C’est une approche dont on a besoin aujourd’hui ?
PHILIPPINE DOLBEAU : Je pense que c’est en effet absolument essentiel. On constate tous les jours, en plateau, que l’école actuelle ne va pas bien. Mais des personnes sont là pour faire bouger les lignes avec des ambitions, des envies, et des idées très novatrices. Ces dernières s’adressent à des secteurs parfois délaissés par l’école, ou qui ne peuvent être accompagnés de manière adéquate. L’école est, à mon sens, en décalage avec la société dans laquelle nous vivons. Or, s’il y a bien un moment pour inventer l’école de demain, c’est aujourd’hui.
A travers ses programmes, quelles sont les innovations qu’explore SQOOL TV pour promouvoir de nouvelles approches pédagogiques ?
P. D. : La vraie innovation, j’utiliserais même le terme de révolution, c’est l’intelligence artificielle. Elle vient bouleverser les codes et pose beaucoup de questions : éthiques, pédagogiques et technologiques.
Les jeunes sont très à l’aise avec les nouvelles technologies et notamment avec l’intelligence artificielle : ils en voient tout le potentiel. Et, face à cette réalité, nous avons des générations plus âgées qui sont dépassées.
DÉBORAH RAIMBAULT : D’ailleurs, dès qu’il y a une nouveauté qui apparaît – je pense que c’est en fait une réalité très française – nous avons besoin de l’analyser, de prendre du recul, d’aller s’inspirer des autres, et de voir quels en sont les dangers.
Comment l’Éducation nationale réagit-elle face à l’essor de l’intelligence artificielle ?
P. D. : Je crois que ce phénomène inquiète, et c’est une inquiétude commune à toute révolution. Quand les calculatrices ont débarqué dans les écoles, on était persuadés que les enfants allaient devenir nuls en mathématiques et n’allaient plus être capable de poser une addition, une multiplication ou une soustraction, ce qui n’a évidemment pas été le cas. Aujourd’hui, il y a deux camps : ceux qui estiment que l’intelligence artificielle n’a pas du tout sa place dans l’ Éducation nationale, et ceux qui préfèrent éduquer plutôt qu’interdire l’usage de cette technologie dans les établissements scolaires. Ils estiment qu’il faut utiliser l’IA pour enseigner toutes ces questions cruciales qui feront le monde de demain.
D. R. : L’école a intérêt à se saisir de ces technologies : il faut s’intéresser à ce qui nous entoure. L’Éducation nationale doit prendre le train de ces nouveautés, car elles font partie du quotidien des générations futures –et que ces générations vont avoir besoin de ces technologies.
Des écoles expérimentent l’intelligence artificielle à la place des professeur·es pour gagner en efficacité, notamment aux États-Unis. Est-ce un scénario inévitable en France ?
P. D. : Cette question a fait l’objet d’un numéro del’émission « L’École du futur ». Je ne pense pas que cela advienne en France, d’abord parce qu’en France, nous ne sommes pas au même rythme que les États-Unis sur ces questions technologiques et philosophiques. Nous sommes même en retard. Ensuite, il faut attendre les résultats de cette expérimentation pour savoir si ce modèle éducatif peut marcher.
D. R. : Personnellement, je ne pense pas qu’une telle révolution soit pour demain en France, entre autres parce que le système éducatif français manque de moyens et de formation. Les professeurs ne sont pas forcément considérés et correctement payés. C’est en tous cas ce qu’ils nous disent. Rendez-vous compte : selon une étude réalisée par l’entreprise Tralalère, spécialisée dans les ressources pédagogiques, 92% des enseignants de primaire dépensent leur propre argent – 300 euros en moyenne chaque année – pour pouvoir mener à bien leur projet pédagogique. Ils se rendent compte qu’ils n’ont pas les moyens suffisants pour mener à bien leur année scolaire.
SQOOL TV cumule 350.000 téléspectateur·ices mensuel·les et 82 000 abonné·es sur les réseaux sociaux. L’intérêt pour votre média ne cesse de croître. Peut-on dire que l’éducation est une préoccupation majeure des Français·es ?
D. R. : Je le pense, oui. Pour l’anecdote, nous avons une émission intitulée « Le Mag », dans laquelle nous recevons différentes figures des collectivités. Je ne sais pas si c’est un excès de zèle de la part de nos invités, mais « l’éducation est notre principale préoccupation » est l’une des phrases que l’on entend le plus. Avec un peu de recul, l’éducation est à la base de tout : nous sommes obligés de nous y intéresser, que nous soyons parents ou pas. L’éducation est le fondement même de notre société.
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