
L’activisme en ligne est-il un militantisme de pacotille ?
Retrouvez toutes les semaines la chronique de Chut! dans l’émission Tech Paf de la matinale de Radio Nova, le mardi à 7h45. Cette semaine, on s’interroge sur le militantisme en ligne. Quand la téléréalité flirte avec l’activisme : la nouvelle polémique venue des Etats-Unis.
A toutes celles et ceux qui likent, signent des pétitions et militent en ligne, cette chronique est pour vous !
C’était la polémique ce week-end aux Etats-Unis avec l’annonce d’un nouveau programme comme la télé sait si bien en faire ! Intitulé « The Activist », cette émission de téléréalité, bientôt diffusée sur la chaine CBS, propose de mettre en compétition des activistes star comme Usher. Le but du jeu : réunir le plus de likes, de pouces levés et de cœurs avec les doigts, bref de faire le buzz sous couvert de militantisme en ligne.
L’annonce a créé la polémique et a essuyé de vives critiques. On lui reproche un mélange des genres tout à fait malvenu : philanthropie et divertissement. On y retrouve en fait une tendance actuelle, née des influenceur·euse·s qui font la promotion de marques commerciales tout en affichant un carré noir en hommage à George Floyd. « Ce n’est pas de l’engagement, c’est du marketing de soi » nous explique Josiane Jouët, professeur en science de l’information dans cet article paru dans Chut n°7, Lost in election.
Pouces levés et carrés noirs
Tout cela ne donne pas forcément une bonne image du militantisme en ligne, qui a déjà tendance à être considéré comme un militantisme de pacotille, où il suffit d’un clic depuis son canapé pour se donner bonne conscience. On parle même de slacktivisme, de l’anglais slacker qui signifie « paresseux ».
Les dérives du même acabit que cette émission sont-elles une raison suffisante pour rejeter en bloc ce militantisme qui a pourtant donné naissance à des mouvements comme MeToo et BlackLivesMatter ? Ces mouvements n’auraient certainement jamais pu trouver autant d’écho sans les pouces levés et les carrés noirs. Qui plus est, militer en ligne, c’est aussi accéder à de l’information et à de la formation grâce, par exemple, à de nombreux comptes Instagram féministes qui sont devenus des ressources indispensables aux militantes.
Des militant·e·s 2.0
Alors, finalement, doit-on vraiment opposer le militantisme en ligne et le militantisme « In Real Life » ? Les deux sont forcément étroitement liés. Et, en ces temps de présidentielles, sachez-le, le militantisme numérique inspire les politiques. Il faut bien le dire, les réseaux facilitent la mise en relation entre les citoyen·n·es, une adhésion à un parti peut se faire en un clic. Il est même possible de participer en ligne aux primaires écologistes ! Les politiques ont compris leur intérêt : internet est pour eux une excellente façon de sortir du discours formaté et d’outrepasser les médias en ayant recours à une communication directe.
Alors comme pour tout, il faut bien distinguer le bon grain de l’ivraie. Gardons un œil critique et vive les pouce levés ! A nous simplement de savoir bien les utiliser.
À suivre
Tech pour toutes, enfin un programme politique pour plus de femmes dans le secteur du numérique
ÉcouterA celles et ceux qui aimeraient enfin voir plus de femmes dans le secteur de la tech, cette chronique est pour vous.
Soin des villes et soin des champs
ÉcouterBonjour à celles et ceux qui cherchent désespérément à se faire soigner, cette chronique est pour vous !
Violence sans filtre
ÉcouterA celles et ceux qui s’interrogent sur la violence brutale et sans filtre du cyberharcèlement, cette chronique est pour vous.