Une chronique aussi à écouter

L'électrique, à toute vapeur !

Le mondial de l’automobile commence aujourd’hui pour le public, à Paris Porte de Versailles, pour une semaine d’innovation en tout genre et de prototypes à gadget. Assez ironique, quand ces trois dernières semaines nous ont donné comme un avant goût de ce que pouvait être notre quotidien sans voiture, ou en tout cas, sans essence et gazoil. Si les citadins ou citadines ne se sont pas sentis trop concerné.es, les ruraux, dont je fais partie, tirent clairement la langue. Comment amener ses enfants à l’école, aller travailler, aller chez le médecin, aller faire ses courses, aller voir des amis, de la famille, bref, comment continuer le train-train quotidien quand on est en panne sèche ? Pas facile. Coupez-nous notre capacité à nous déplacer, notre liberté de nous déplacer quand on le souhaite et où on le souhaite, et tout part en sucette.

Devant cette répétition générale d’une France qui se passe de carburant pétrolier (ou presque), on peut déjà se demander comment se profile ce changement de cap qui se dessine aussi à l’horizon. Et oui, pour rappel, l’Europe a décidé l’été dernier de l’arrêt de la vente des véhicules thermiques en 2035, pour le bien de la planète. Après cela, pour un véhicule neuf, il faudra forcément penser électrique, en espérant que le pays soit en mesure de fournir assez d’électricité pour charger les batteries de toutes ces voitures… Et le président Macron vient même d’annoncer ce week-end, sur fond de crise des raffineries, qu’il allait booster le bonus écologique pour l’achat d’un véhicule électrique pour les foyers modestes, une prime qui passe de 6 à 7000 euros pour l’achat d’une voiture européenne de moins de 47 000 euros. L’ambition du gouvernement est de passer à un parc automobile français 100 % électrique d’ici 2035.

Lithium, l'or du siècle

Si le plein d’électricité pour sa voiture va certainement augmenter à l’avenir – et il faut bien cela pour sauver la planète et nous avec – la question de la batterie se pose également. D’un côté, il y a la technicité pour une autonomie rallongée et un temps de charge réduit. Se pose aussi la question de la fabrication et de la production de ces batteries, aujourd’hui essentiellement construites en Chine. L’Europe aimerait se défaire de cette dépendance et être à même de construire ses propres batteries et de fournir son parc automobile sans dépendre d’autres Puissances. Pour cela, de gros investissements sont également faits dans des Gigafactorys de batteries électriques, avec trois grands projets, qui font dire au chef de l’Etat français que “nous sommes très crédibles avec notre objectif d’être autonomes sur les batteries à l’horizon 2027”.

Oui, mais voilà, pour construire ces batteries, nous avons besoin de lithium, que forcément on ne trouve pas partout. Et pour l’instant, dans le circuit de production français, le lithium provient essentiellement de Chine et d’Amérique latine… Autant dire que le problème reste un peu le même… Sauf que du lithium, nous en avons en France, en grande quantité même. Mais les habitants des villes concernées, notamment ceux de Tréguennec en Bretagne, ne voient pas d’un bon oeil l’ouverture de nouvelles mines, dont l’exploitation demanderaient par exemple beaucoup d’eau, dans un contexte où l’eau devient de plus en plus une denrée rare. Pour penser au lithium français, faut-il encore des méthodes d’extractions respectueuses de l’environnement, ainsi qu’un circuit de recyclage optimisé. C’est qu’il ne faut plus gâcher.

Une autre voie est possible

D’ailleurs, dans toute cette histoire, faut-il vraiment changer tout le parc automobile français et changer de voiture comme on change de smartphone, c’est à dire trop souvent ? Que faire de toutes nos voitures thermiques d’aujourd’hui, de ce parc automobile de 40 millions de voitures que l’on ne va pas juste mettre à la casse, sous prétexte de passer à l’électrique ? Certes un bon circuit de recyclage permet aujourd’hui de recycler 85 % des véhicules selon l’Ademe (l’agence de la transition écologique), mais l’énergie utilisée pour recycler et construire de nouveaux véhicules n’est pas anecdotique non plus. Certains et certaines ont déjà pensé à la parade, et plutôt que de se séparer de leur titine adorée, ils et elles ont pensé au Retrofit. Qu’est-ce que c’est ? C’est le fait de transformer sa voiture thermique, en voiture électrique. Et oui, c’est possible et autorisé depuis 2020, mais homologué seulement sur quelques modèles à ce jour. Une prime à la conversion de 2500 à 5000 euros est même accordée pour ceux et celles qui voudraient passer le pas.

Au-delà de la voiture électrique personnelle, avec ou sans pétrole, la mobilité va aussi devoir se réinventer… Transports en commun, retour du tramway en zone rurale, flottes de voitures électriques en partage dans les communes, et covoiturage, l’avenir de la mobilité se pense aussi dans le collectif, et non l’individuel.