Jets privés : le militantisme en ligne carbure
Cette semaine, pour Radio Nova, Sophie Comte est revenue sur le tracking des déplacements des jets privés des milliardaires grâce à l’utilisation de données open-source.
Jets privés traqués
À celles et ceux qui n’ont pas manqué d‘utiliser leurs jets privés cet été pour un aller simple Ibiza St Tropez, cette chronique vous est dédiée !
La rentrée arrive, alors… que retiendra-t-on de cet été 2022 ? A part la crise énergétique, l‘inflation, la guerre en Ukraine, la sécheresse et les incendies ? Peut-être aussi cette polémique autour des jets privés qui n’en finit pas de revenir sur le devant de la scène. Ces avions d‘affaires devenus le symbole du gaspillage des ressources par les plus riches sont ciblés. Les militants écolos utilisent les techniques de tracking pour faire connaître leurs trajets et, au passage, leur bilan carbone.
L'avion de Bernard en open-source
Nous avons tendance à l’oublier mais c’est quand même grâce au numérique, et en particulier aux données, disponible en open source, via des sites comme FlightAware ou FlightRadar24 que cette tendance du flight tracking a émergé. Tous les avions sont tenus de signaler leurs déplacements par ondes radios pour une question de régulation de trafic et de sécurité. C’est ainsi que le compte Instagram l’avion de Bernard qui retrace les déplacements du pdg de LVMH Bernard Arnault s’est créé.
C’est de la même manière ou presque que Jack Swenney, un jeune américain de 19 ans a créé un compte twitter pour tracker les trajets d’Elon Musk. Il faut préciser aussi qu’il a également usé de ses compétences de hacker, c’est même ce qu’on appelle ici un hacker éthique. Et si l’on remonte quelque mois plus tôt, c’est la chasse des yachts des oligarques russes qui a passionné les internautes encore une fois grâce aux données disponibles sur les sites comme MarineTraffic ou SuperYachtFan.
La montée en puissance du militantisme en ligne
Nous sommes peut-être en train d‘assister à une montée en puissance du militantisme en ligne ! Né sur internet aux tournants des printemps arabes, puis de la révolution Metoo, il est rendu possible grâce à l‘accès à l‘information gratuite conjuguée aux capacités des réseaux sociaux à fédérer et à faire caisse de résonnance.
Ce qui se passe aujourd’hui avec la polémique des jets privés, c’est qu’en l’espace de quelques mois, ces initiatives isolées et souvent anonymes sont parvenues à toucher la sphère politique très vite. Ce sont d’abord les partis de l‘opposition Europe Ecologie les Verts qui en ont parlé, puis les Insoumis. Au sein du gouvernement, le ministre délégué chargé des transports Clément Beaune s’est dit favorable à une réglementation avant d’être retoqué par son parti, qui n’y voit qu’une « mesure symbolique ».
Mais pour les militants, les symboles ont un poids et ils comptent bien le faire savoir. Ce militantisme en ligne qu’on a tôt fait de discréditer, en parlant de militantisme du clic ou militantisme de canapé est sans doute bien plus puissant qu’on ne le pense. Et si nous vivons apparemment dans un monde d’abondance de données, c’est à nous citoyennes et citoyens de savoir les utiliser.
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