L’arrivée du numérique dans l’entreprise est-elle une bonne nouvelle pour la qualité de vie au travail des salarié·es ?

Olivier Bas. Oui, parce que le digital permet de faire une multitude de choses extraordinaires. Et non parce que bien évidemment, si on n’y fait pas attention, cela peut générer une série de désagréments. Je vais prendre quelques exemples. Il y a trois choses que le numérique chamboule beaucoup. La première : le rapport au temps. Nous sommes, avec le numérique, dans un rêve de l’instantanéité, comme si l’on pouvait tout faire, tout de suite. Avec comme conséquence le zapping, grignotage, multitasking, un rêve de faire en permanence une, deux, trois, quatre choses à la fois. Par exemple, être en réunion et envoyer des mails en même temps. Sauf que tout cela a des effets néfastes pour notre cerveau, ce dernier n’est fait que pour réaliser une chose à la fois. Que l’on soit un homme ou une femme, d’ailleurs, car nous avons le même cerveau. Pour passer d’un sujet à l’autre, le cerveau a besoin de débrancher, rebrancher, débrancher, rebrancher… Donc, quand dans une journée de travail, nous zappons sans cesse d’un sujet à l’autre, c’est comme si nous allumions et éteignions un ordinateur mille fois par jour. Finalement, c’est une perte de temps, car cette course effrénée contre le temps demande une énergie folle.

Autre point : nous voulons tous aller vite, toujours plus vite. L’autre devient un mangeur de temps, et l’on a de cesse que de tenir l’autre à distance dans l’entreprise. Pour cela, nous avons une arme redoutable : le mail. J’entends souvent une discussion extraordinaire dans les couloirs d’entreprises que j’accompagne :  deux personnes se rencontrent et l’une dit à l’autre : « Tu as lu mon mail ? », et l’autre de répondre : « Oui, je vais te répondre. » C’est quand même extraordinaire ! Elles sont face à face, mais plutôt que de parler du sujet, elles se répondent par mail. Cela a un effet dévastateur, car l’humain est un animal social, il a besoin d’être en relation. Le mail permet évidemment de gagner du temps s’il s’agit d’échanger une information, mais pour des problèmes plus complexes, il faut sortir de son bureau, monter deux étages, décrocher son téléphone, appeler pour discuter du sujet, échanger, produire ensemble.

Dernier élément de réponse : les entreprises rêvent de créer de l’intelligence collective. Il existe des outils extrêmement performants, comme Bluenove, qui permettent d’en créer, notamment lorsque l’on doit produire à 1.000, 10.000, 100.000. Mais honnêtement, quand vous devez travailler à deux ou trois, mieux vaut être dans la relation et la discussion, plutôt que de s’envoyer des mails. Ce sont les effets négatifs selon moi, de l’usage du numérique.

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