« Not all men », ou l’art de faire l’autruche
L’histoire du hashtag « NotAllMen » est révélatrice de l’incapacité des hommes à comprendre la mécanique du sexisme. Six ans après #MeToo, les bases du féminisme ne sont toujours pas maîtrisées.
Les hommes ont le complexe du centre du monde. À chaque fois qu’une femme dénonce publiquement les violences sexistes ou sexuelles dont elle est victime et leur caractère systémique, il se trouve un homme, cisgenre et hétérosexuel, pour s’indigner : « Pourquoi nous mettre tous dans le même panier ? Nous ne sommes pas tous des oppresseurs ! » Sur les réseaux sociaux, ce réflexe pavlovien porte un nom vieux d’une dizaine d’années : #NotAllMen (pour « not all men are like that », tous les hommes ne sont pas comme ça). Cette posture de dédouanement semble aussi structurelle que le sexisme, dont « certaines des manifestations les plus violentes s’aggravent », selon le rapport annuel 2023 sur l’état des lieux du sexisme en France, publié par le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes (HCE). Sept hommes sur dix considèrent ainsi qu’on généralise en considérant que « tous les hommes sont sexistes » et 60 % d’entre eux estiment que « les porte-paroles féministes en font trop ».
Que révèle cette posture ? A minima, une perception à rebours des statistiques, puisque 80 % des femmes déclarent avoir été victimes de sexisme. Pour Francis Dupuis-Déri, professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal, l’argument « not all men » relève d’une « logique réactionnaire » qui refuse de voir « les raisons objectives qui font que les femmes ont peur des hommes ». « Les féministes ne disent pas « Tous les hommes sont… ». Ce qu’elles disent, c’est plutôt que toutes les femmes peuvent avoir peur, car si elles n’ont pas été elles-mêmes victimes d’une violence commise à leur encontre par un homme, elles en ont probablement déjà été témoins ou bien ont recueilli le témoignage d’une de leurs proches », détaille l’auteur de l’essai Les hommes et le féminisme. Faux amis, poseurs ou alliés ? (Textuel, 2023).
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