[Ados] Quelles leçons tirer de Tik Tok et Fortnite ?
La crise fake news vous pousse à tout questionner et vous ne savez plus qui croire ? Faites comme les adolescents, adoptez le test-and-learn de personnalités. Et si la culture du fake permettait aux jeunes d’embrasser avec moins d’anxiété une vision unique d’un monde en perpétuelle reconstruction ? Nous explorons deux phénomènes de la culture numérique, Tik Tok et Fornite, dont le fonctionnement favorise la métamorphose virtuelle. Quel rapport ? L’une, plateforme de mise en scène créative, et l’autre, jeu fédérateur grâce à l’authenticité de ses interactions, sont le théâtre de la construction identitaire d’un nouveau genre. Bienvenue dans l’univers du fake assumé.
Remodeler la réalité pour s’affirmer
Là où les parents ont du mal à séparer le faux du vrai, les adolescents, eux, s’en accommodent à loisir. Selon l’analyse de Michael Stora, psychologue dont les patients sont souvent accros aux jeux vidéos : « ils se jouent des images comme elles peuvent se jouer d’eux ». Même si les ados sont aussi victimes de fake news, comme l’atteste les enquêtes de la journaliste YouTubeuse Aude WTFake — celle-ci sur le satanisme est effrayante — les réseaux sociaux et jeux vidéo offrent une plateforme pour exprimer diverses facettes de sa personnalité. On voit ainsi émerger plusieurs vérités, chacune vivant sur sa plateforme choisie (chaîne YouTube, grille Instagram ou encore héros de jeu vidéo).
« L’adolescent est un être particulier, à multiples facettes. Il doit vérifier que chacune est compatible avec le reste du monde. Le blog devient un moyen d’exposer ses facettes et de vérifier laquelle remporte l’adhésion. C’est une sorte de laboratoire de la quête identitaire qui permet de mettre en scène ses multiples personnalités que les clics et les commentaires viennent confirmer ou infirmer, » explique le psychologue.
Lire aussi : Nous apprenons aux enfants à décrypter les fakes news
Considérons un instant, ceux qui naviguent entre les différentes réalités virtuelles tels des poissons dans l’eau. Cette construction identitaire en ligne est à la fois ludique et courageuse, car exposée au regard des autres. Pour ces caméléons virtuels, l’ambiguïté commence par l’adoption du pseudonyme et de l’avatar. Rappelez-vous la manière dont vous avez choisi votre toute première adresse mail, le choix peut en dire long. Ensuite, passons à la narration, elle est tantôt visuelle via une grille d’images, épistolaire en messagerie privée, ou encore à visionner en vidéos habilement coupées, en mode mi-fiction mi-autobiographie. L’adolescent peut s’auto-incarner au travers d’un large choix de personnages et de plateformes, il n’a même plus besoin de choisir puisque l’ambivalence est devenue la règle. Michael Stora va jusqu’à affirmer que cette génération manie le détournement avec aise dans le cadre d’une fausse réalité assumée, la fameuse culture du fake. D’une plateforme à une autre, derrière un tag (pseudo) bien choisi, chacun s’exprime tel qu’il est, le tout à coup de second degré et de dérision, bien entendu. Vous nous suivez toujours ?
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