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Qui trouvera le vaccin contre « l’infodémie » ?

A toutes celles et ceux que le complotisme et les fake news n’effraient pas, cette chronique vous est dédiée !

Vendredi dernier avait lieu à New York le sommet sur l’information et la démocratie, en marge de l’Assemblée Générale de l’ONU. Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters Sans Frontières, y a annoncé la création d’un Observatoire international sur l’information et la démocratie. Il s’agit là d’un organisme de surveillance visant à lutter contre ce qu’il appelle le « dérèglement démocratique ». Un GIEC de l’information, en somme, chargé de trouver une parade efficace pour sortir du contexte « d’infodémie ».

Car oui, internet et les réseaux questionnent notre démocratie. Mais jusqu’à quel point ? C’est ce que l’on s’est demandé dans le dossier de Chut N°7, Lost in election.

Les réseaux sociaux ont longtemps été perçus comme des outils au service d’une liberté d’expression enfin retrouvée dans un monde politique qui peine se réinventer. Mais ils sont aujourd’hui tenus pour responsables de la brutalisation des échanges et de la circulation des fake news.

Que valent les débats, l’un des fondements de la démocratie, lorsqu’on est enfermé dans les bulles de filtres idéologiques ? Que valent les débats lorsqu’un rassemblement de militants pro Trump sur les réseaux aboutit à un attentat contre le Capitole, autre symbole de la démocratie ?  On se souvient de la réaction inédite de Facebook et Twitter : censure et suppression du compte de Trump. Mais de telles mesures sont-elles suffisantes pour lutter contre les fake news ?

La modération reste l’arme anti-fake news par excellence

L’arme anti-fake news des réseaux sociaux est la modération, comme l’explique le chercheur Romain Badouard à notre journaliste Catherine de Coppet dans cet article.

Mais qu’entend-on derrière ce mot ? Ce sont tout simplement des règles de publication. Facebook a depuis quelques années développé son pôle modération, fait acte de plus de transparence en publiant ces dites règles, et lancé le système de signalement.

Mais tout n’est pas au point : la modération est une tâche compliquée, réalisée par des hommes mais aussi par les algorithmes eux-mêmes. Le problème est qu’il est difficile pour un algorithme de situer un propos dans son contexte ou de comprendre le second degré.

On observe aussi d’autres dérives : certains groupes détournent le principe du signalement politique et arrivent ainsi à faire taire leurs contradicteur·rice·s en recourant à des signalements massifs. Surtout, il existe toujours un manque de transparence concernant les données transmises par les réseaux et une réelle difficulté à faire appel à la justice.

Quand la réponse des réseaux repose sur la modération, les Etats répondent quant à eux par la régulation : l’Europe a commencé avec le RGPD et on en attend plus désormais avec le Digital Market Act. Car, pour certains, le risque est réel de voir ces plateformes devenir plus puissantes que les Etats eux-mêmes.