Ecouter la chronique Tech Paf

A toutes celles et ceux qui sont inondé·e·s de fake news – de fausses informations – parfois même sans le savoir, cette chronique est pour vous !

Pour lutter contre ce fléau du numérique, l’Elysée vient de constituer une commission au nom éclairé de « Les lumières à l’ère du numérique », autour du sociologue Gérald Bronner. L’ambition de cette commission est de réfléchir aux impacts d’Internet sur notre information et sur notre démocratie. Cela tombe bien, on compte leur envoyer le dernier exemplaire de notre magazine, Lost in election, histoire de leur souffler quelques interrogations et débuts de solution.

Il faut dire que le souci est de taille. Les fake news se propagent plus vite que le coronavirus. En 2019, avant la crise sanitaire, on comptait 45,5 millions de tweets ayant relayé ou commenté une fake news. Et avec les élections présidentielles françaises, la crise sanitaire, les pro ou les anti vax, la guerre des fake news est plus que jamais lancée. Alors comment fait-on pour aiguiser son esprit critique ?

Gare aux fausses évidences

Vous recevez une information incroyable sur WhatsApp, vos fils Facebook ou Twitter vous abreuvent de vidéos toutes plus improbables les unes que les autres ? Faut-il pour autant tout croire, même si c’est votre cousin germain, la tante de votre mari ou encore votre voisin de palier ou de bureau qui vous l’envoient ? Le travail d’un journaliste est de vérifier ses sources. Face au fléau des fake news, nous devenons tous et toutes des journalistes en herbe, puisque nous nous confrontons à ces questions : quel est le contexte ? Qui parle ? Quelles sont ses motivations ? Qu’est-ce que l’on cherche à me faire penser ? En cas de doute, une rapide recherche sur la personne qui parle ou sur le site émetteur peut déjà lever quelques incertitudes. Certains détails sont aussi essentiels : une date sur un tweet, une image ou une vidéo trop zoomée, peut-être modifiée, coupée, sortie de son contexte… Notre œil aiguisé doit désormais prendre l’habitude de tout remettre en question.

Permettons-nous de douter

Faut-il pour autant mettre dans le même sac fake news et complotisme ? « Il faut bien faire la différence entre le complot qui peut exister mais qui constitue une exception, et la priorisation et généralisation des théories du complot pour tout expliquer », nous rappelait Iris Boyer, secrétaire générale de la branche française de l’ISD (Institute for Strategic Dialogue), un think tank spécialisé dans l’extrémisme, la désinformation et la polarisation à l’ère du numérique. Pour autant, pas la peine de vous brouiller avec votre meilleur ami ou avec beau-papa parce que vous ne supportez plus les théories que vous jugez farfelues, à la sauce QAnon, celles qui affirment que cannibales et satanistes sont au cœur du pouvoir. Inutile de rentrer dans le conflit, c’est toujours la meilleure façon de braquer votre petit monde. Pour Romy Sauvayre, sociologue, maitre de conférence à l’Université Clermont Auvergne, on peut au contraire essayer d’amener l’autre à argumenter en le mettant face à ses contradictions, mais sans le·a brusquer. « Et à un moment donné, on ne sait pas trop pourquoi, il y a une contradiction qui va faire mouche, le doute va prendre de l’ampleur », détaille-t-elle.

Pour nous, pour nos enfants, pour l’avenir, l’une des solutions à mettre en place dès à présent résident dans des programmes d’éducation aux médias, pour petits et grands. Pour que nos marmots ne s’habituent pas à gober tout ce qui est dit sur YouTube ou TikTok, cela commence maintenant ! Et pour nous les plus grand·e·s, de 18 à 110 ans, conservons ce doute, qui est certainement devenu l’une de nos armes les plus efficaces contre les fake news.