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Une bonne santé passe aussi par une bonne santé mentale

Ce matin, après deux ans de crise sanitaire, l’atrocité de la guerre en Ukraine, un nouveau rapport alarmant du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et à quelques jours du second tour des élections présidentielles, j’ai eu le sentiment que nous étions toutes et tous un peu fatigué·es, non pas physiquement, mais mentalement. Et il y a de quoi ! Entre la peur, la culpabilité, l’angoisse du lendemain, les nuits de beaucoup de Français et Françaises sont de plus en plus troublées, et leur santé mentale avec.

Et c’est quoi la santé mentale ? Ce qui est devenu l’une des priorités de l’OMS depuis 2005 est ainsi défini par l’organisme : c’est « l’état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive, et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ».

Avec la crise Covid-19, la santé mentale des Françaises et Français s’est fragilisée. C’est ce qu’atteste l’étude CoviPrev, lancé par Santé publique France en mars 2020, au début de la crise sanitaire. Presque deux ans après, 17 % des Français et Françaises montraient déjà des signes d’un état dépressif et 23 % d’un état anxieux. C’est 7 et 9 % de plus qu’avant la pandémie, peut-on découvrir. Le gouvernement en a bien conscience, c’est pourquoi il a lancé la plateforme Mon Psy, permettant d’accéder à huit consultations remboursées par la sécurité sociale. 

Téléconsultation vs Déserts médicaux

Alors bien sûr, les effets économiques de la pandémie ou de la guerre en Ukraine crée plus plus d’angoisses chez ceux et celles qui sont directement impacté·es. En plus de ces séances remboursées par la sécu, que faire pour s’apaiser au quotidien, surtout quand tout le monde n’a pas les moyens de se payer l’aide régulière d’un coach de vie ou d’un ou une psychologue pour atténuer ses angoisses ?

Et oui, pour améliorer la santé mentale de tous et toutes, le numérique a trouvé ses solutions. La téléconsultation psy a pris de l’essor depuis la crise Covid-19, et peut aussi atténuer les disparités géographiques. Après la médecine générale, elle fait partie des téléconsultations les plus courantes et a pu représenter 27 % des téléconsultations au début de la crise sanitaire. Quand on sait qu’en 2018, la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (Drees) comptabilisait 65 765 psychologues exerçant en France : parmi eux, 15 532 se situent en Île-de-France… et 91 en Lozère par exemple, on a de quoi penser que ces téléconsultations sont aussi une solution pour apporter une aide dans les territoires trop délaissés par les professions médicales et paramédicales. 

Une appli pour vider son sac ?

Parallèlement à la téléconsultation, de nombreuses applications d’aides et de soutien mental ont aussi vue le jour, comme PetitBambou, Mon Sherpa ou encore Alan Mind. Sur nos smartphones et sans prescription médicale, ces chatbots, applications, tchats en ligne se multiplient dans l’objectif d’améliorer ou du moins de préserver notre moral. Recevoir un soutien, une écoute, quelques conseils… peut s’avérer précieux. Une multiplicité de services qui s’adaptent à nos nouveaux usages numériques. Comme le résume Clara Falala-Séchet, psychologue clinicienne et psycho-thérapeute, co-créatrice d’Owlie, « quasiment tout le monde a un smartphone et un accès à Internet. C’est essentiel d’avoir une pratique du soin et un accès à différents formats, contenus ou outils thérapeutiques. Ça laisse une liberté de choix ». Owlie, c’est le nom de cet agent conversationnel de soutien psychologique, qui se présente sous la forme d’une petite chouette bicolore. À chaque discussion, Owlie demande ce dont on a besoin pour aller mieux : de vider son sac en parlant, d’agir directement sur ce qui nous pose problème via des exercices, de comprendre ce qui se passe à travers des modules ludiques… Le chatbot propose plusieurs options et exercices afin de répondre de manière optimale à la personne qui le contacte, à travers 90 modules d’exercices, d’informations et de boucles d’échange. Pratique !

Entre une solution au manque de psychologue dans les territoires et une façon de dépasser la barrière supplémentaire du coût financier d’une consultation psy qui peut décourager de nombreux publics, ce numérique, qui doit rester loin de la frustration créée par les réseaux sociaux, pourrait bien contribuer à rendre la santé mentale accessible à toutes et tous. Attention toutefois de bien vérifier en amont, à qui vous confier vos données ! A bientôt et santé !