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« Personne ne réussit seul. Mais ce qui est magique dans la vie, c’est que lorsque vous avez un objectif clair en tête, que vous savez précisément ce que vous souhaitez et que vous restez concentrés, vous trouvez toujours quelqu’un pour vous aider à le réaliser.

Je ne parle pas des personnes qui rétréciront vos rêves, ni de celles qui vous expliqueront que vos ambitions sont trop grandes, et encore moins de celles qui projetteront sur vous leur peurs et leurs inquiétudes et vous diront de rester à votre place.

Je parle de ceux et celles qui seront à vos côtés, qui veulent le meilleur pour vous, qui vous écouteront et vous guideront, tout en reconnaissant avec humilité que c’est leur expérience qui parle et que le livre de votre vie est encore à écrire avec votre propre plume.

Personne ne réussit seul.

De nombreuses associations et leurs bénévoles, des parrains et des marraines œuvrent déjà pour l’insertion professionnelle des femmes et des jeunes filles dans le domaine de la tech en particulier. Leurs engagements sont précieux pour ouvrir les portes de ce monde à des talents féminins dont nous avons tant besoin.

Si nous devons nous réjouir de l’évolution des droits des femmes durement acquis au cours de ces dernières décennies, il reste beaucoup à faire pour qu’enfin les femmes puissent pleinement se réaliser et s’épanouir.

Il y a un siècle, l’assemblée générale des nations unies proclamait la déclaration des droits de l’homme comme l’idéal commun à atteindre par toutes les nations afin que tous les individus puissent bénéficier des mêmes droits indépendamment de leur genre, de leur race, de leur handicap, leur origine sociale ou de leur orientation sexuelle.

Un siècle après cette déclaration des droits de l’homme – qui sont aussi les droits des femmes – ce monde reste violent et souvent discriminatoire, pour les filles et les femmes en particulier.

Beaucoup de choses ont évolué depuis 1948 et aujourd’hui, de plus en plus de personnes parlent de la nécessité impérieuse d’atteindre une réelle égalité entre les femmes et les hommes. Et c’est tant mieux.

Car tant qu’il y aura des mariages forcés, des excisions, des maternités précoces, des agressions sexuelles, des crimes d’honneur ou des interdictions à disposer de notre corps, il nous faudra nous battre pour être traitées avec considération et dignité.

Tant que les femmes n’accèderont pas aux études de leurs choix, qu’elles ne pourront pas exercer le métiers qu’elles souhaitent, qu’elles seront payées moins que les hommes pour un travail identique, tant qu’elles devront mendier une place aux tables où sont prises des décisions stratégiques qui les concernent, tant qu’elles ne pourront pas vivre la vie qu’elles désirent et décider de leur avenir – où qu’elles naissent et où qu’elles se trouvent – tant qu’elles seront limitées dans leurs actions, qu’elles seront invisibilisées ou exclues des sphères de pouvoir… nous devrons nous accrocher, nous devrons continuer d’exiger que nos droits soient appliqués, nous devrons agir et surtout, nous ne devrons rien lâcher.

Nous devrons nous accrocher, nous devrons continuer d’exiger que nos droits soient appliqués, nous devrons agir et surtout, nous ne devrons rien lâcher.     

Marie Curie disait que dans la vie, il n’y a rien à craindre et tout à comprendre. 

Il est temps de comprendre que les filles ne sont pas inférieures aux garçons, qu’elles peuvent être courageuses, intelligentes bonnes en maths et en sciences et aller jusque dans l’espace !!

Il est temps de comprendre que les femmes ne sont pas si faibles et si fragiles qu’on le dit, qu’elles sont aussi capables et compétentes que les hommes, qu’elles sont plus qu’une plastique, qu’elles savent lire une carte routière, bricoler et qu’elles peuvent être mères et professionnelles sans être culpabilisées dans leur choix. Il est temps pour nous les femmes, de comprendre cela pour avoir moins peur de devenir ce que nous sommes vraiment. 

D’où je viens, et à l’époque où je suis née, toutes les petites filles n’allaient pas à l’école. Elles n’avaient pas la chance de pouvoir s’ouvrir sur le monde et s’évader grâce aux études. 50 ans après, dans certains pays comme l’Afghanistan, les filles n’ont toujours pas la chance de pouvoir étudier. 

Mon éducation patriarcale a semé beaucoup de doutes dans mon esprit. Je me suis auto-censurée plus que de raison, parfois je me suis auto sabotée – inconsciemment, tellement j’étais convaincue que mon destin était tracé, que je deviendrai une bonne épouse, puis une bonne mère et que ce serait très bien ainsi. 

Rien ne me prédestinait à faire les études que j’ai faites, à occuper les postes à responsabilité en entreprise puis à devenir ministre de la République française un jour !Rien ne me prédestinait à tout cela et pourtant c’est arrivé.

Je me suis lancée dans les études de droit pour devenir avocate, je n’ai pas aimé, alors j’ai crée une entreprise dans le bâtiment que j’ai dirigé une dizaine d’années avant  d’entrer dans le monde des telecom en plein boom, puis de l’informatique que je voyais transformer nos manières de communiquer, d’étudier et de travailler de manière phénoménale. 

Puis, confrontée au plafond de verre, et alors que ma fille avait 10 ans, j’ai décidé de reprendre mes études pour obtenir un Executive MBA. 

J’ai été nommée PDG de Lenovo en France et j’ai été la patronne de HP pour le continent africain alors que je n’ai pas fait d’études scientifiques ou mathématiques. Et…ah oui, je suis devenue ministre alors que je n’ai fait ni l’École polytechnique, ni Sciences Po, ni l’ENA.

Je vous raconte cela pour vous encourager à combattre l’autocensure et l’inhibition qui peuvent parfois nous envahir lorsque l’on pense ne pas avoir les codes ou les réseaux nécessaires – et, parlons-nous franchement, le « prénom » la couleur de peau, la religion ou l’origine sociale qu’il faudrait – pour accéder à tel cursus universitaire ou tel métier.

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L’autocensure est mortifère. Elle nous pousse au fatalisme et à la résignation. Celle que nous nous infligeons est encore pire que celle dans laquelle les autres nous enferment, car elle inhibe et tue les rêves. 

Elle doit être combattue, car c’est une barrière que nous érigeons nous-même, contre nous-même. Et nous n’avons rien à y gagner et tout à y perdre. L’autocensure n’a aucune vertu si ce n’est de nous empêcher de prendre des risques, nous empêcher de nous accomplir, et d’être un peu plus grande que nous-même ! 

Je puis vous assurer, de manière catégorique, que vous avez toutes un don, vous avez toutes un talent, vous avez toutes quelque chose que vous aimez faire par-dessus tout et que vous feriez les yeux fermés. 

Si vous ne l’avez pas encore trouvé, cherchez-le , trouvez-le et faites-en le centre de votre vie, car c’est ainsi que vous trouverez votre bonheur. Parfois vous douterez, parfois vous vous tromperez, ce n’est pas grave car c’est ainsi que vous apprendrez et que vous trouverez votre chemin. Ne laissez personne vous dire qu’un métier n’est pas fait pour vous car personne mieux que vous ne sait ce qui vous convient le mieux. 

Les métiers n’ont pas de genre, la preuve, les stérotypes laissent à penser que les métiers de la tech sont faits pour les hommes exclusivement, mais c’est la même femme qui a inventé le wifi et le guide à distance des torpilles, Hedy Lamarr. C’est Une physicienne américaine, la première femme afro-américaine à obtenir un doctorat au prestigieux MIT, qui a inventé la technologie qui permet de mettre un appel téléphonique en attente et d’identifier le numéro de téléphone de l’appelant ; Shirley Ann Jackson. C’est encore une femme mathématicienne anglaise qui a inventé le premier algorithme de l’histoire, Ada Lovelace.

Alors d’accord, c’est aussi une femme qui a inventé le lave vaisselle et le fer à friser les cheveux – je vous laisse deviner pourquoi,  mais c’est aussi une femme qui a inventé la bierre, le canoë de sauvetage et la physicienne et chimiste Marie Curie est la seule femme a avoir reçu deux fois le prix Nobel pour ses travaux exceptionnels. 

Alors lorsque je vois – en 2023 – que nous avons au niveau mondial, à peine 30 % de filles qui choisissent de faire leurs études dans les  Sciences, les technologies, les mathématiques et l’ingénierie, cela me peine et m’inquiète pour deux raisons majeures ; d’abord parce que 1 métier sur 3 qui sera créé dans les 5 prochaines années aura une composante STEM. Et en abandonnant ces filières aux garçons, vous laissez les inégalités se creuser. 

Ensuite parce que nous avons besoin d’un regard féminin sur tous ces sujets parce qu’ils vous concernent toutes et que votre regard, votre expérience et votre créativité sont essentiels pour faire évoluer ces sujets de manière plus inclusive.

Les femmes occupent en moyenne 10 % des métiers qui existent dans le monde, les hommes 90 %. Alors je vous en prie jeunes filles, soyez curieuses, posez des questions, utilisez tous les moyens dont vous disposez pour aller explorer un maximum d’opportunité ! 

Parce que je vous le répète, les métiers n’ont pas de genre. Il n’y a pas de métiers faits pour les filles et des métiers faits pour les garçons. Suivez vos goûts et vos talents, c’est en faisant un travail que vous aimez que vous réussirez et donc que vous serez heureuses. 

Pour finir, j’aimerai vous dire de ne pas laisser votre genre, votre orientation sexuelle, votre handicap ou votre couleur de peau définir ce que vous êtes. Parce que vous êtes bien plus que ce dans quoi on cherchera à vous enfermer.

Ce n’est pas parce que vous naissez dans un environnement pauvre que vous ne réussirez pas vos études dans de grandes écoles. De plus en plus de moyens existent pour vous accompagner. Cherchez-les, trouvez-les !

Votre origine sociale ou culturelle, et le fait que vous soyez une fille, ne doit pas prédéterminer la vie que vous aurez car tout est possible si vous êtes assidu dans vos études, si vous travaillez, que vous vous entourez de personnes bienveillantes et surtout, surtout que vous ne lâchez jamais vos rêves des yeux ! 

Les choses ne se passeront probablement pas comme vous l’avez prévu. Ce n’est pas grave ! L’essentiel, est de vous focaliser sur vos objectifs, sur ce qui est à votre portée, ce que vous pouvez contrôler. 

Et vos actes, vos décisions, c’est vous qui les contrôlez ! C’est vous qui décidez de passer votre matinée à scroller sur TikTok ou regarder les photos retouchées sur Instagram toute l’après-midi. C’est vous qui enchaînez sans fin des séries sur Netflix – même si je sais que certaines d’entres elles sont sympas- tout le weekend ou qui décidez d’aller découvrir une pièce de théâtre, une exposition dans un musée ou simplement lire, lire, et lire encore. Un livre, un magazine ou une BD, sur une tablette, votre téléphone ou votre ordinateur, quel que soit le moyen, lisez, apprenez, soyez curieuses, ouvertes sur le monde et vous réussirez ! 

J’ai l’intime conviction que la diversité est un atout ; que c’est une richesse qui contribue à la réussite de notre pays, qu’elle permet de créer, d’inventer, d’innover davantage et en mieux.

Nos entreprises ne peuvent se passer de 52 % des talents de ce pays. C’est un enjeu de justice sociale tout d’abord, mais aussi de performance et d’attractivité ! Je suis persuadée que les entreprises les plus attractives et les plus résilientes de demain, sont celles qui donnent du sens, celles qui s’engagent pour une société plus inclusive et plus désirable.

Je conclurai mon propos par deux messages, l’un adressé aux parents, vos professeurs et vos parrains et marraines pour leur engagement à vous ouvrir la voix :

  • à vous rassurer dans les périodes de doutes, 
  • vous aider à construire votre avenir, 
  • à prendre conscience de vos talents,
  • à donner de leurs temps pour donner du sens !

Cette belle alliance permet à de nombreux jeunes de poursuivre des études à la hauteur de leur talent et de leur potentiel et déployer leurs ailes !

Si plus d’adultes s’engageaient de cette manière, ce seraient davantage de jeunes qui auraient confiance dans la vie.

Il existe un proverbe africain qui dit qu’il faut tout un village pour élever un enfant. Ici, c’est donc un très beau « village citoyen » qui est représenté.

Enfin, je voudrais adresser un chaleureux message aux étudiantes et étudiants. Vous êtes au début de votre vie, à un âge où tout est possible, et à une époque où beaucoup de choses sont à reconstruire. Embrassez-la pleinement ! Ne lâchez rien. Quelles que soient les difficultés. Faites vous confiance et avancez la tête haute, c’est la meilleure manière de trouver votre chemin.

N’oubliez pas que vous avez en vous toute la force, le potentiel, l’intelligence et la passion pour atteindre les étoiles et toucher vos rêves du doigt. 

Nous avons  besoin de vous pour rendre ce monde plus juste, plus durable et plus désirable. »

 

Elisabeth Moreno

Retrouvez plus d’information sur l’association 8 Mars – La puissance du lien et l’évènement à venir.