Tantale, cobalt, magnésium, indium, gallium… Cet inventaire n’est pas seulement celui des éléments du tableau périodique de Mendeleïev, mais également l’énumération de différents composants des serveurs des data centers, de nos téléphones portables et de nos ordinateurs. L’industrie numérique y est accro : de la coque à la batterie en passant par l’écran, ils sont partout. De même, médiatisées pour leur nécessité croissante, les terres rares (qui ne le sont pas tant) sont un groupe de dix-sept métaux aux propriétés électromagnétiques très recherchées. Le numérique est un si grand consommateur de terres rares et de minéraux en tous genres que l’Union européenne a dressé une liste de trente matières premières considérées comme critiques pour leur « risque particulièrement élevé de pénurie d’approvisionnement dans les dix prochaines années » et leur « rôle particulièrement important dans la chaîne de valeur ».

Et ce n’est pas le seul problème. Pour équiper nos appareils électroniques de ces précieux métaux, il faut polluer. Beaucoup polluer. 80 % de la dépense énergétique d’un smartphone est due à sa fabrication. Sa consommation électrique ne représente que les 20 % restants, selon les chiffres de GreenIT.fr, une communauté d’acteurs du numérique s’intéressant au développement durable. « Le numérique est une industrie très sale », dénonce Guillaume Pitron, journaliste spécialisé dans la géopolitique des matières premières. « Pour obtenir des métaux, il faut faire des trous dans le sol, utiliser des produits chimiques et raffiner. Tout ça à un impact énorme sur l’environnement. »

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