On avait tout imaginé, il ne restait plus qu’à caler la date. Puis est arrivé le deuxième confinement, qui est venu balayer ce projet de reportage photo. Alors, on a décidé de s’en remettre à vous, chères lectrices et chers lecteurs : pourquoi ne pas raconter en images vos vies confinées ?

Trois semaines plus tard, la pêche aux témoignages a été plutôt bonne : nous avons reçu plus d’une trentaine de clichés, assortis de mots touchants, souvent discrets. Avec quelques lignes de force. Qu’il soit sur la couette, à côté du lit, sur la table basse, jamais très loin d’une tasse, l’ordinateur portable apparaît incontestablement comme le symbole du confinement, au centre de nombreuses photos

Deux confinements, deux ambiances

Beaucoup d’entre vous nous ont par ailleurs raconté ce qui avait changé d’un confinement à l’autre. Notons, côté équipement, l’achat d’un siège de bureau, qui revient souvent dans vos témoignages. «Ce fauteuil, qui fait rager ma copine, est le visage de mon confinement», écrit Guillaume. «Il n’est pas franchement beau, prend de la place dans notre salon, mais il a le mérite de préserver mon dos.» Certain·es ont préféré miser sur les équipements de sport ou sur l’acquisition d’un animal de compagnie.D’autres encore ont vu le changement dans leur propre regard, notamment sur leur chez-eux, avec la découverte de jeux d’ombres, quand le soleil s’invite à des heures où on est généralement absent. Plus rares ont été les photos du dehors. Confinement peut aussi rimer avec générosité, envers les anonymes ou les ami·es. Caroline nous a ainsi envoyé les photos de ses bouquets de fleurs : «Une amie m’a offert un abonnement “fleurs”. Pendant trois mois, tous les quinze jours, je reçois un bouquet qui regroupe plusieurs variétés.»

Se connecter (à qui, à quoi ?) ou se déconnecter (mais pas trop) ? Telle est la question de nos vies confinées.

Mais parce que le confinement n’est pas que celui des corps, certain·es ont aussi partagé leur ressenti. «Il y a un gap entre ce confinement et celui vécu en mars, raconte Cyril, graphiste. Les enfants sont à l’école et ça change beaucoup de choses. Je suis stressé qu’ils y soient et qu’ils tombent malades, qu’ils nous contaminent et en même temps, je suis soulagé car j’ai le temps de travailler. Je suis travailleur indépendant donc c’est important de retrouver une activité et de l’argent après tous ces mois sinueux. C’est assez étrange de dire ça, car cette pandémie redéfinit nos priorités et ce que la valeur travail représente pour nous.»

Frontières floues

Pour répondre à notre appel, il y a celles et ceux qui ont décidé de mettre en scène – non sans humour – leur quotidien, tiraillé entre travail et vie privée. À côté des photos, certain·es témoignent d’une nouvelle routine : «À 14 h 30 : à la fois mère et belle-mère, mais également entrepreneure depuis peu, je me lance dans mes expéditions du jour. Le salon a cédé la place à mon espace logistique (…)», écrit Nardjisse, qui enchaîne : «À 16 h 30 : la petite rentre de l’école, et moi je file faire mon heure de marche quotidienne, pendant que son père termine sa huitième réunion de travail sur Zoom. À 18 heures, c’est l’heure de l’apéro, mais pour ce second confinement, on est passé au CocaZéro et à la menthe à l’eau… À 19 h 30 : dîner en famille, on se raconte nos journées, on discute du dernier album de Riad Sattouf et on (essaie de) déconnecte(r)…» Se connecter (à qui, à quoi ?) ou se déconnecter (mais pas trop)… telle est la question de nos vies confinées !

Texte Catherine de Coppet