Selon vous, quelle est la définition de la « bonne » influence ?

Ce que je dis toujours, c’est que l’influence doit avoir un impact positif sur le cerveau, cela doit permettre d’apprendre quelque chose ou de se divertir avec du contenu intelligent, car le divertissement est aussi un grand vecteur de changement. Au sein de Loopin.ia, nous représentons beaucoup de vulgarisateurs, des personnes qui partagent leur passion et la transmettent.
Il y a par exemple Cyrus North, connu au départ pour son travail de vulgarisation de la philosophie sur YouTube, C’est une autre histoire, sur l’Histoire de France et du Monde, ou encore Scilabus, sur la vulgarisation des sciences. Leur objectif n’est pas de devenir une star. Le plus souvent, les YouTubeurs et YouTubeuses ont eu un métier avant celui de l’influence. La vidéo a été un moyen de communiquer sur leur métier ou de transmettre leur passion.
Ce qui est également important dans l’influence, c’est la transparence sur les opérations commerciales et le choix des partenaires. Nous faisons très attention aux marques avec lesquelles nous travaillons et aussi comment nous travaillons avec elles. Nous ne faisons pas d’appel à la surconsommation. Un bon influenceur, c’est un créateur qui ne ment pas, ne vend pas la vie parfaite et qui va montrer ses moments de joie, comme ses moments de doute.

Qu’est-ce qui a changé entre la star d’hier et l’influenceur·se d’aujourd’hui ?

Avant, il y avait des super stars que tout le monde connaissait. Aujourd’hui, on a 200 à 300 célébrités connues par 500 000 personnes chacune. Donc la répartition des leaders d’opinion, d’impact a changé et cela transforme profondément les rapports sociaux entre les influenceurs et leur public. Ils et elles se mettent directement en avant et le tuyaux entre eux et nous est direct.

Comment faire en sorte que les influenceurs et influenceuses que vous représentez respectent les cadres légaux mis en place ?

L’un de mes gros chantiers pour 2023, c’est effectivement de les réunir plus souvent afin de leur proposer des formations tout au long de l’année sur des expertises dont ils ont besoin. Cela va de l’utilisation d’un compte Google à ce qui se passe aujourd’hui avec les Ouïghours et certaines marques de mode et de hightech. Je vais faire venir des experts sur mesure pour qu’ils continuent à se développer comme tout salarié dans une entreprise qui va se former tout au long de sa vie. Ils ne bénéficient pas de cet écosystème pour l’instant et pourtant il est très important. En rejoignant notre agence, ils rejoignent un collectif et un écosystème qui leur apporte cela.

Est-ce que les femmes ont un accompagnement spécifique du fait du cyberharcèlement qu’elles peuvent subir ?

Les influenceuses ne reçoivent pas le même accueil. Elles n’ont pas les mêmes commentaires et pas les mêmes réactions. Certaines créatrices m’ont dit : « je ne vais pas sur cette plateforme parce que je vais recevoir des commentaires et je n’ai plus la force ». Clairement, les créateurs ne sont pas confrontés à cela. C’est pourquoi les créatrices de contenus ont besoin d’un community manager pour aller lire les commentaires là où certains créateurs n’ont pas besoin de ce budget dans leur modèle économique.

Quel regard portez-vous sur ces scandales de l'influence marketing ?

Nous faisons le même métier que ces agences sur l’intitulé, mais nous ne le faisons pas du tout de la même façon. Nous sommes vraiment sur deux autoroutes différentes. Je pense qu’il faut qu’on nous entendent plus, nous, cette autre influence. Et cela va se développer sur 2023 parce que je ne suis pas la seule. Nous sommes nombreux à avoir cette vision du monde et de l’influence autre et je pense qu’il est important que nous prenions la parole pour dire qu’une autre influence est possible. Donc je n’ai pas de doutes. J’ai une conviction profonde de l’utilité et de la force de ce que nous faisons.

Faites-vous de l’influence responsable ?

J’ai l’impression d’aller vers une influence de plus en plus responsable. Mon gros enjeu de 2023, ce n’est pas du tout de devenir une machine à greenwashing et nous sommes dans une hyper vigilance à ce sujet.

Influenceur ou influenceuse, c’est vraiment un nouveau métier ?

Juridiquement ce métier n’existe pas encore et je pense que cela va être l’un des gros points positifs de la loi discutée en ce moment à l’Assemblée Nationale. D’ailleurs, mon propre métier n’existe pas non plus. Dans la loi, ils vont créer un statut juridique et c’est une bonne chose. C’est une reconnaissance psychologique et morale pour le secteur. Pour moi, influenceur, c’est un métier à part entière.
Et si j’avais des enfants, je n’aurais aucun problème à ce qu’ils fassent ce métier. Par contre, je leur dirais de faire un autre métier avant, afin de leur faire prendre conscience que l’on est beaucoup plus fort quand on est astronaute et influenceur, ou encore historien et vidéaste. Ces personnes qui ont un premier métier, vont pouvoir ensuite vulgariser, puis émettre sur les réseaux sociaux.

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec Orange.