Faire écho

La Fama, Prison pour femmes est un article signé par le journaliste Nicolas Gastineau, paru dans le numéro 15 de Chut ! Magazine, intitulé Brisons les codes. La Fama, déesse antique et allégorie de la réputation peut être mala, mauvaise, ou bona, bonne. Elle est déjà décrite par Cicéron aux premiers temps de la République romaine comme une voix anonyme qui salit.
Plus tard, au Moyen-Âge, comme la preuve matérielle était difficile à obtenir dans les affaires de viol, le tribunal se tournait vers la réputation de la victime. Le violeur s’ingéniait alors à montrer que sa victime était de « fole vie » ou « mal renommée de son corps » pour être innocenté. Aujourd’hui, la fama existe toujours et elle est devenue une collection de documents numériques à charge, qui circulent d’un téléphone à l’autre. Parallèlement, la fama des femmes demeure encore et toujours un élément à charge dans les affaires de violences sexistes et sexuelles.
Réécritures antiques
L’écho de cette déesse antique a été un véritable déclencheur pour la réflexion portée pour ce nouveau numéro de Chut ! Magazine. Les mythologies passées imposent encore leurs modèles imaginaires et leurs carcans, au fil des réécritures, siècle après siècle. L’Iliade de Virgile, Les Métamorphoses d’Ovide, L’Odyssée d’Homère sont demeurés, au moins sous forme d’extraits, au programme des écoles et collèges. Comme nous l’avons fait avant, les enfants d’aujourd’hui continuent d’apprendre ces formes légendaires, d’en nourrir leur esprit, histoire après histoire, les dieux et déesses se succédant dans cette violence imposée au genre humain, aux femmes en particulier.
Nouvelles mythologies
Dans notre société occidentale de plus en plus technologique, où l’intelligence artificielle fait des bonds année après année, où les puissances mondiales font la course de l’innovation, quelle influence ont ces récits sur notre perception des autres et de nous-mêmes ? Pouvons-nous nous éloigner de ces mythes perçus comme intemporels, mais qui pourtant nous enferment dans un cadre de pensée ? Comment déjouer demain ces représentations masculinistes d’une époque révolue, qui doivent prendre le tournant du progrès social ? Enfin, faut-il déconstruire cette vision obsessionnelle du progrès, qui, à en croire les mythes, doit se faire au détriment de l’humanité ?
Nous vous invitons à porter un nouveau regard sur ces figures d’hier qui influent sur les mythes d’aujourd’hui. Nous vous encourageons à construire demain une nouvelle mythologie, une odyssée de l’égalité.
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