Elisabeth Moreno : « Il faut répéter que les métiers n’ont pas de genre »

Je travaille dans le numérique, depuis plus de 20 ans. Et j’ai vu, au fur et à mesure du temps, les femmes se détacher du numérique. Alors qu’on a de plus en plus besoin d’elles !

Si nous laissons de côté 50 % des talents de notre pays, sur un sujet sur lequel nous avons déjà pris beaucoup de retard, sur lequel les États-Unis et la Chine sont en avance de centaines de kilomètres, nous ne serons que des suiveurs…

Bien que les emplois dans le domaine numérique soient considérés comme les principales sources de recrutement, selon l’Apec, le processus de recrutement n’a pas été diversifié, ce qui a conduit à une pénurie de talents. Le secteur de la technologie a du mal à attirer suffisamment de femmes pour les embauches.

J’entends souvent qu’il y beaucoup de femmes dans la tech, mais les chiffres sont têtus : elles sont moins de 30 % dans le domaine du numérique, à peine 17 % dans les métiers techniques et 11 % dans la cybersécurité par exemple, qui est secteur majeur pour l’avenir.

Au cours des dernières années, malgré la création de nombreuses associations et la tenue de nombreux événements visant à encourager les femmes à s’orienter vers le domaine technologique, le nombre de femmes intéressées par cette voie diminue. Cette tendance s’explique par le manque de mobilisation des parents, le besoin de formation des enseignants et l’insuffisance de l’implication des entreprises.

C’est pourquoi nous avons besoin de mesures très volontaristes. Notre livre blanc intitulé « Femmes et numérique : état d’urgence » avait recommandé la création d’un programme appelé « Tech pour toutes ». Cette proposition a été adoptée par le gouvernement. Le 16 juin dernier, Élisabeth Borne, alors Première ministre, avait annoncé ce programme visant à accompagner 10 000 jeunes femmes d’ici à 2026, qui souhaitent entamer ou poursuivre des études supérieures dans le domaine numérique. C’est une excellente nouvelle, mais la mise en oeuvre prend trop de temps !

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