Ton histoire, du Cameroun à l’école d’ingénieurs Polytech Lille, témoigne d’une incroyable détermination. Peux-tu nous raconter ton parcours et ce qui t’a menée vers le numérique ?

Née au Cameroun, j’ai grandi dans un quartier prioritaire de Toulon. Mon intérêt pour le numérique est né bien plus tard, presque par hasard. En école de journalisme, j’ai découvert le data journalisme lors d’une réunion nationale sur l’usage des chiffres et la visualisation de données — un vrai déclic. Ce sujet m’a immédiatement captivée. Ne trouvant pas de formation adaptée, j’ai décidé de tout reprendre à zéro avec un DUT en statistiques, malgré mes lacunes scientifiques, un contexte difficile lié au COVID, et des moyens financiers limités.

L’alternance m’a permis de plonger concrètement dans le monde du numérique. Forte de cette première expérience, j’ai choisi de poursuivre dans cette voie qui me passionne par la diversité des problématiques qu’elle permet d’aborder et de résoudre. Intégrer une école d’ingénieur me semblait hors de portée — je ne me sentais pas légitime — mais j’ai osé franchir le pas.

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Qu’est-ce que ce prix représente pour toi ?

Ce prix est une reconnaissance précieuse de mon parcours atypique. Devenir ingénieure sans être passée par une prépa, sans passion initiale pour les maths, c’est possible — et aujourd’hui, je me sens un peu plus légitime. Être une femme dans le numérique, c’est aussi porter un message d’ouverture : il n’existe pas un seul profil pour réussir dans ce domaine. C’est ce message que j’ai envie de partager.

Ainsi, comment permettre à plus de jeunes filles de se sentir « légitimes », selon toi ?

Il faut des programmes comme TechPourToutes, qui donnent aux jeunes femmes les moyens de s’orienter vers ces métiers. Dès le début de mon parcours dans le numérique, j’ai rejoint ce type d’initiatives. Il est essentiel de faire découvrir nos métiers aux filles, en particulier à celles issues des zones rurales ou des quartiers prioritaires. Ces actions leur permettent de se projeter, de comprendre la richesse des métiers qui se cachent derrière les mots « ingénieur » ou « numérique », et surtout de réaliser que ce n’est pas réservé à une élite. C’est une responsabilité collective : en tant que spécialistes du numérique, nous devons prendre le temps de présenter nos métiers à celles qui, souvent, n’en soupçonnent même pas l’existence.