Vous développez actuellement une application pour lutter contre le décrochage scolaire. De quoi s’agit-il?

L’application propose des exercices en mathématiques et français fondés sur les sciences cognitives et renforcés par un moteur d’intelligence artificielle qui s’adapte au parcours pédagogique et aux résultats de l’élève. Il s’agit d’un dispositif complet composé de 24 modules et plus de 20 000 exercices que nous adressons aux professeurs comme une ressource pédagogique en complément de leur cours.

Ce projet émane du ministère de l’Éducation nationale qui a ouvert un appel d’offres pour la création d’une plateforme à l’échelle nationale, afin d’apporter des solutions à la baisse de niveau des élèves lors du passage de la classe de 3e à la 2nde.

Nous y avons répondu avec la start-up de l’edtech Evidence B, spécialisée dans le développement de solutions d’apprentissage basées sur les sciences cognitives et l’intelligence artificielle. Près 800 000 élèves aujourd’hui en seconde vont pouvoir bénéficier de ce service à la rentrée prochaine.

Pourquoi utiliser l’intelligence artificielle ?

L’intelligence artificielle est très pertinente ici parce qu’elle personnalise l’utilisation de l’application. C’est ce que l’on appelle l’adaptive learning, l’algorithme apprend à mesure que l’élève utilise l’application, et adapte le parcours en fonction des résultats obtenus. Aucun élève n’aura le même parcours, car tout dépend du niveau de départ et des progrès réalisés. C’est un bel exemple de l’usage et de l’intérêt de l’intelligence artificielle dans le monde de l’éducation.

Nous sommes aujourd’hui le premier créateur d’usages numériques dans le monde de l’éducation.
Nadia Amal, directrice adjointe du marché de l’éducation chez Docaposte

Deux entreprises développent l’application, pourquoi ?

Nous avons décidé de répondre à l’appel d’offres du ministère de l’Éducation nationale avec Evidence B pour allier nos compétences. Evidence B possède l’expertise apprentissage, pédagogie et contenu. Docaposte a la capacité de gérer la partie technique de la plateforme et de soutenir un développement industriel et national.

Docaposte a également une vraie légitimité dans le secteur du numérique éducatif. En tant que filiale à 100 % de La Poste, Docaposte est un vecteur référent de la souveraineté et de la confiance numérique. Nous sommes à la fois éditeurs de solutions de confiance, mais nous concevons aussi des plateformes numériques.

Nous nous sommes récemment rapprochés du monde de l’éducation avec le rachat de l’entreprise Index Éducation, qui édite la solution de vie scolaire Pronote, utilisée par 17 millions d’élèves en France. Nous sommes donc aujourd’hui le premier créateur d’usages numériques dans le monde de l’éducation, ce qui fait de nous le premier hébergeur de données scolaires, des données qu’on appelle sensibles.

Mais nous ne sommes pas les seuls à plancher sur le sujet ! Nous agrégeons une communauté de partenaires, une quinzaine de chercheurs et de laboratoires en sciences cognitives, des associations d’enseignants médiateurs en mathématiques. Un ensemble de compétences sont réunies autour du projet.

Quel est le rôle d’une application comme celle-ci face à l’enseignement des professeur·es justement ?

Nous respectons une règle fondamentale : l’enseignant a une liberté pédagogique totale et il est le seul responsable de la manière dont il conçoit ses cours. Aussi, charge à chacun de l’utiliser comme il ou elle le souhaite. Certains pourront décider d’utiliser l’application en cours, d’autres de faire en sorte qu’elle soit utilisée à la maison. Il en va de leur libre arbitre.

C’est l’avantage de la personnalisation du parcours, qui donne cette souplesse d’utilisation. C’est aussi tout l’intérêt de mixer des solutions numériques éducatives avec un enseignement plus traditionnel. Dans des classes de plus de 25 élèves, les professeurs n’ont pas le temps de consacrer une ap- proche personnalisée pour tous les élèves. L’application vient donc en complément du travail du professeur.

L’application n’est pas encore terminée, mais comment pensez-vous qu’elle sera accueillie ?

Nous ne le savons pas encore mais il est clair que depuis la crise Covid et les confinements successifs, nous vivons une vraie évolution des usages numériques dans les classes. D’après une étude que nous avons réalisée avec La Gazette des communes, plus de 70 % des collectivités considèrent qu’il y a déjà une belle maturité numérique, et 81 % des communes dans ces collectivités considèrent que le sujet du numérique est une priorité. Parents, élèves, professeurs… Nous sommes prêts à accueillir ces nouvelles solutions qui renforcent le travail pédagogique des acteurs de l’éducation.

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec La Poste.