SI LE MOUVEMENT #METOO, devenu viral grâce à un tweet de l’actrice Alyssa Milano, a bouleversé le monde du cinéma et de la politique, il s’est très vite répandu à tous les corps de métiers et secteurs d’activité. À l’image, en France, du départ de nombreux cadres d’Ubisoft (leader du jeu vidéo français) accusés d’agressions et de harcèlement sexuel. Avec un mot d’ordre : ne plus rendre l’intolérable – violences sexistes et sexuelles en tête – acceptable.

En cela, le mouvement #MeToo constitue une rupture. Comme pour toutes les ruptures, celles et ceux qui oeuvrent dans le secteur sont passé·es par différentes étapes – le choc, la colère, le déni – pour parvenir à la question suivante : comment imprimer la marque de ce moment dans leur quotidien ? Comment faire autrement et voir finalement #MeToo comme un point de départ pour entrer dans l’action ?

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Postures et punchlines

les comportements négatifs, on peut faire bouger les lignes. C’est l’un des aspects révolutionnaires de #MeToo : après des décennies de sexisme latent, on ne cache plus sous le tapis l’obligation de considérer les femmes. Par les réseaux de femmes, par la prise de parole sur les réseaux, on change de culture, en répétant que certaines attitudes ne sont pas admissibles. On est souvent désarmé·e pour répondre à des discriminations présentées sous l’angle de l’humour. Les postures et les punchlines pourraient constituer une boîte à outils à partager massivement.

Les difficultés que connaissent les entreprises du secteur du numérique à recruter des femmes, désormais bien connues et déplorées de toutes parts, peuvent-elles aussi s’expliquer par le manque de diversité des profils dans la tech ? La tech actuelle a été conquise par des hommes, qui présentent tous peu ou prou le même cursus. Ce marché, qui affiche une croissance toujours supérieure par rapport aux autres pans de l’économie, reste dominé par un groupe social.

Désaffection des filles

Ce profil, on le retrouve logiquement sur les bancs des écoles d’ingénierie ou d’informatique. Est-ce qu’on ne doit pas y voir la raison de la désaffection des jeunes filles dans ces orientations professionnelles ? Ou les femmes s’orientent-elles vers d’autres secteurs jugés plus attractifs ou paritaires ? C’est un angle de réflexion que les universités et les écoles ne doivent pas négliger. De même que les entreprises qui accueillent ensuite ces étudiantes et étudiants.

En général, les problématiques managériales doivent être au coeur des préoccupations des entreprises de la tech. Issu de #MeToo, le hashtag #BalanceTonAgency a révélé des postures dirigeantes inadéquates. Les start-up, et plus globalement les entreprises de service numérique, doivent se sentir particulièrement concernées, parce qu’elles constituent un environnement propice aux abus. Il faut les aider, dans l’accompagnement de leur croissance, à s’organiser différemment pour ne plus laisser se développer les comportements toxiques.

Mais surtout, au-delà de la dénonciation, #MeToo a permis aux publics féminins et plus généralement à ceux qui croient aux talents féminins d’ouvrir la possibilité d’une égalité davantage appliquée, et qui accorde une légitimité aux compétences portées par des femmes. On y croit !