Un métavers est une plateforme combinant réseaux sociaux, jeux vidéo, cryptomonnaies, blockchain, réalité virtuelle et augmentée. L’environnement est accessible simultanément à de nombreuses personnes et évolue en permanence. Cet univers immersif, visuel, sonore et même haptique, dans lequel un·e utilisateur·rice est représenté·e par un avatar, permet d’interagir, de se déplacer, de rencontrer d’autres avatars, humains ou agents virtuels, et de réaliser des activités seul·e ou à plusieurs. L’accès se fait grâce à des interfaces, casques ou lunettes de réalité virtuelle.

Le métavers suscite emballements et craintes avec trois enjeux : économique, écologique et éthique. L’enthousiasme des pro-cryptomonnaies et NFT (Non Fungible Tokens, « jetons non fongibles ») pour le métavers est contrebalancé par les scandales sur les bitcoins, NFT et blockchain. Le déploiement du métavers pose également des questions de dépenses d’énergie qu’il faut quantifier dans l’équation du développement de cette technologie. Le métavers concentre enfin les questions éthiques classiques du numérique : les conséquences sociales (risque d’exclusion), la protection des données personnelles, l’identité numérique (usurpation d’identité, avoir de multiples avatars), la manipulation et le harcèlement, et enfin l’addiction et l’isolement sur le long terme. L’immersion empêche de prendre de la distance et fait oublier les contraintes du monde réel. Cet univers pose aussi des questions éthiques inédites sur la vulnérabilité mentale et physique des participant·es, sur la manipulation de nos émotions et croyances dans des effets croisés virtuels/ réels. L’humain en immersion avec une perception augmentée peut se retrouver très vulnérable face à des manipulations subliminales ou des situations douloureuses (rencontrer ses proches décédés). Il est donc important d’avoir un bouton d’arrêt d’urgence.

Le métavers est cependant aussi l’opportunité de développer des sociétés virtuelles avec une économie et une culture propre à l’Europe dans un Internet décentralisé (web 3.0). Les usages de métavers peuvent se développer dans divers domaines : thérapie, sport, éducation, etc. Ces univers micro, macroscopiques ou imaginaires permettent de réaliser des scénarios d’anticipation, de perception et d’interaction en intelligence collective. Ne faut-il pas en France et en Europe une vision à long terme incluant bénéfices et risques économiques, écologiques et éthiques autour de ces grands projets numériques ?