Abir Tarhini : « Il faut apprendre aux filles à oser »
Le chemin vers la parité dans les métiers techniques reste long. Néanmoins, le nombre croissant de candidates à certains postes montre que la voie est la bonne. Témoignage d’Abir Tarhini, cheffe de projet exploitation maintenance, systèmes d’information et télécoms.
Quel a été votre parcours ?
J’ai toujours évolué dans un cadre technique, depuis mon bac. Je suis née en 1983 : j’ai vécu l’arrivée et la démocratisation des téléphones portables, d’Internet… Quand j’étais adolescente, ce domaine était en pleine expansion et ça m’a tout de suite attirée. J’ai toujours fait partie de la minorité de filles, mais je constate que les choses évoluent. J’ai eu mon bac en 2002. Quand j’étais en école d’ingénieur en télécoms, nous n’étions que très peu de filles. Dans mon entourage, d’autres ont suivi, plus tard, le même parcours. Leurs promotions comptaient déjà plus de femmes. À mes débuts à la RATP, nous étions seulement deux dans l’équipe. Nous sommes plus nombreuses désormais.
Que dire aux jeunes filles pour qu’elles rêvent d’une carrière comme la vôtre ?
Il faut déjà leur dire que c’est possible. Des femmes peuvent évoluer dans ce genre de milieu, qui n’est pas seulement fait pour les hommes. Historiquement, les filles ont toujours entendu qu’elles n’étaient pas capables d’appréhender des domaines techniques. Je voudrais leur dire : foncez ! Il va y avoir des difficultés mais pas plus que dans un autre domaine. On les convaincra par des opérations de communication. Il faut leur montrer des femmes qui évoluent dans le secteur de la tech et qui ont de belles opportunités, de belles carrières. Il faut encourager les filles à oser, oser être attirées par la nouveauté, oser se projeter hors des sentiers battus et des métiers qu’on a l’habitude de proposer aux filles.
Comment donner envie aux femmes de postuler dans les métiers du numérique ?
J’évolue dans un milieu technique complexe mais très intéressant. Mais c’est la composante relationnelle qui me plaît le plus : devoir travailler avec des profils très différents, plus ou moins techniques, devoir s’adapter, utiliser le bon discours avec les bons codes. Tel est mon défi ! Nous rassemblons nos énergies dans un but commun et c’est ça qui me porte. Dans l’équipe que je dirige, sur huit personnes, nous sommes quatre filles. J’en suis plutôt satisfaite. Je travaille aussi bien avec les femmes que les hommes. Au moment de recruter, les compétences sont les plus importantes pour guider mon choix, évidemment. Mais aujourd’hui, je reçois de plus en plus de CV féminins. De plus en plus de candidates se jettent à l’eau et ça, c’est une bonne nouvelle !
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