Cette année, La Poste a lancé deux appels à candidature de start-up : le concours French IoT et les coups de cœur #FemmesduNumérique. En quoi sont-ils le reflet de l’axe de VivaTech 2021 « engagé pour le bien commun » ?

Pour la première fois cette année, ces deux appels sont lancés ensemble. Beaucoup de jeunes structures ont été particulièrement touchées par la crise sanitaire, dont nous sortons à peine. Nous souhaitions vraiment nous réengager auprès d’elles de manière très forte en 2021. French IoT a évolué au fil des ans vers un programme à impact environnemental et sociétal. Nos critères de sélection exigent un engagement sur la sécurisation, l’environnement, l’inclusion ou la parité. Quant aux coups de cœur du numérique, ils permettent aux femmes créatrices d’entreprise ou de projets d’avoir accès à la première marche de l’escalier, à savoir le financement participatif.

Quel est le principe des « coups de cœur #FemmesduNumérique » qui se déroulent pendant VivaTech ?

Les coups de cœur existent depuis 2010. On en a décerné six, souvent à l’occasion de grands événements, mais l’année dernière ne nous a pas permis d’en faire autant qu’on aurait voulu. Cette année, nous avons mis l’accent sur les régions, en partant de l’idée que tous les projets prennent racine dans un territoire. On s’est dit qu’il y avait forcément des femmes créatrices de projets dans chaque région, et on s’est donné pour objectif d’en trouver au moins deux par région. Ainsi, le public pourra faire son choix pendant VivaTech, avec le cœur ! 

Quant à French IoT, qu’est-ce qui caractérise les lauréat·es 2021?

Comme l’année dernière, l’appel a été lancé en full digital. Ce qui est impressionnant cette année, c’est qu’il y a énormément de start-up extrêmement avancées parmi nos 12 lauréat·es, que ce soit sur le choix de la solution technologique, sur les cibles visées, etc. Trois lauréat·es dans le champ des services de proximité concernent l’économie circulaire ou les circuits courts. On voit l’importance du concept de « ville du quart d’heure » énoncé par le chercheur Carlos Moreno. La pandémie n’a fait qu’accélérer une tendance déjà présente. En e-santé, où il y a trois lauréat·es également, on observe la même chose, avec des solutions qui viennent en complément de la téléconsultation. Le troisième domaine concerne les services aux entreprises, et les solutions s’adressent surtout aux TPE. Enfin, dans notre dernière thématique, le secteur public, les edtech seront à l’honneur, avec par exemple des aides à la lecture. 

Le programme French IoT respecte la parité depuis deux ans, avec autant de porteuses que de porteurs de projet. Comment avez-vous fait ?

Les premières années, nous étions à 8 % de dossiers portés par des femmes fondatrices. Et puis, nous avons eu le déclic, poussés par notre directrice générale en charge du numérique, Nathalie Collin. Nous nous sommes rendu compte que les femmes entrepreneures n’avaient pas le réflexe d’aller candidater à un prix. Nous avons visé la parité en deux ans, mais nous voulions éviter la discrimination positive. Pour ce faire, nous avons repensé tout le système de sourcing, en allant voir notamment les réseaux féminins. Nous avons aussi changé notre façon de communiquer : le prix n’est plus présenté comme un accélérateur de business, mais une aide, un accompagnement qui permet d’avoir un impact ! En 2019, nous avons atteint 33 % de porteuses de projet, et l’année dernière, 50 %. Enfin, nous avons installé la parité y compris dans les ateliers de l’accélérateur, du côté des intervenant·es. Le prochain chantier concerne les investisseur·ses, où il y a encore trop peu de femmes en haut de la pyramide.

Pourquoi le groupe La Poste a-t-il mis en place un partenariat avec l’Inria (Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique)?

Ce type de partenariat permet de passer à une autre échelle de temps, de se projeter dans le long terme. Avec les start-up, nous sommes dans l’innovation d’usage, nous créons de la valeur à horizon deux ans. Avec les laboratoires de recherche, l’idée est de viser l’innovation de rupture. On a vu ce que la blockchain est venue bouleverser dans le monde de la sécurité numérique. D’autres changements arrivent, notamment avec les technologies de cryptographie post-quantique. Les partenariats nous permettent de nous positionner à l’échelle internationale sur ces sujets, pour travailler aux solutions de demain.