Claudine, que nous apprennent les chiffres de votre étude Gender Scan sur la présence des femmes dans la tech ?

Claudine Schmuck : On a des chiffres précis qui sont des extractions faites à partir des données Eurostat au niveau européen. Ce que l’on observe en Europe, c’est que la proportion de femmes diplômées du numérique baisse de 2 % en France, alors que dans le même temps, elle augmente de 20 % dans l’Union européenne. Du côté des femmes actives, dans ces secteurs-là aussi, il y a un écart entre la France et le reste de l’Europe qui se creuse, puisqu’on a une diminution de la proportion de femmes dans ces métiers de 11 %, alors qu’elle augmente de 14 % dans le reste de l’Europe.

L’une des premières actions à mener se situe auprès des jeunes filles, afin de casser les stéréotypes de genre. Est-ce que des personnes de Sopra Steria vont dans les lycées, les collèges pour parler de leur expérience ?

Consuelo Bénicourt : En France, nous avons aujourd’hui plus de 400 femmes et hommes qui sont mobilisés sur le sujet via notre réseau Passer’Elles. Grâce à des associations comme Elles bougent, Job IRL et Femmes ingénieures, nous intervenons dans les collèges et les lycées pour renforcer l’attractivité des filières scientifique et numérique et recruter plus de femmes dans le secteur. Nous avons aussi la chance d’avoir à disposition pour nos collaboratrices, nos ambassadrices et nos ambassadeurs, des modules e-learning, conçus pour ne pas biaiser nos représentations. C’est extrêmement important que dans nos entreprises, nous nous assurions que nos collaborateur·rices ne vont pas justement continuer à diffuser des biais.

Et côté organisation du travail, qu’est-ce qui pourrait évoluer pour plus de mixité ?

Claudine Schmuck : 40 % des femmes qui sont diplômées dans les STIM (Sciences, Technologies, Ingénierie, Mathématiques) quittent ces métiers dans les dix à quinze ans qui suivent. Pour changer cela, il faut travailler sur les stéréotypes, notamment le sexisme. Un des facteurs qui expliquent qu’il y a pas mal de femmes qui s’en vont, ce sont ces comportements sexistes. On ne va pas vous écouter quand vous prenez la parole. On va vous confier des tâches mineures alors que vous avez un diplôme extrêmement qualifié. On ne va pas gérer votre progression de carrière de façon conséquente. Et ça, ce sont les formes douces. Et l’accompagnement de carrière est extrêmement important. Si déjà vous n’avez pas confiance en vous du fait de l’éducation, de la société, il faut que l’on vous donne les outils pour gagner cette confiance.

Consuelo, comment faites-vous pour que les femmes se sentent bien chez Sopra Steria ?

Consuelo Bénicourt : En France, Sopra Steria fait partie du classement HappyIndex®AtWork / Women40 de Choose My Company, qui recense les 40 entreprises de plus de 5 000 salarié·es où les femmes se sentent le mieux. C’est déjà un bon indicateur qui montre l’importance de créer un environnement de travail inclusif et bienveillant. Pour y arriver, nous mettons en place des initiatives telles que des réseaux mixtes, des formations ー notamment pour lutter contre toutes formes de harcèlement sexuel et de sexisme ー, un programme de mentorat pour accélérer l’évolution de carrière des femmes, et enfin des ateliers et des conférences pour ouvrir le débat et le dialogue. Il est aussi important de soutenir la reconversion des femmes. Nous avons signé en 2019 le manifeste « Pour la reconversion des femmes dans les métiers du numérique ». Nous suivons toutes les femmes qui intègrent ce programme et, en 2020, nous avons formé et recruté 33 % de femmes qui venaient d’autres secteurs.

Qu’est-ce que vous auriez envie de dire aux jeunes filles ou aux femmes qui songent peut-être à une reconversion ?

Claudine Schmuck : Allez-y, parce que le secteur est porteur de sens. Beaucoup des enjeux aujourd’hui de reconfiguration du futur sont liés au numérique. Est-ce qu’on veut subir ou est-ce qu’on veut agir ? Donc, si on veut faire partie des acteurs·rices et qu’on ne veut pas subir ce qui va nous arriver demain, il faut être de ce côté-là, tout simplement.

Consuelo Bénicourt : Le numérique est un secteur d’innovation qui a besoin d’une vraie diversité de représentations du monde. Il structure notre société, notre quotidien : c’est vraiment un secteur qui nous concerne toutes et tous. Les femmes y ont toutes leur place. Ce n’est pas seulement un enjeu économique, c’est aussi un enjeu sociétal.

Découvrez ou redécouvrez l’intégralité de l’entretien avec Claudine Schmuck et Consuelo Bénicourt, dans le podcast Toutes Rôles Modèles par Chut! Radio.