La musique, bientôt uniquement générée par une intelligence artificielle ?
La musique générée par les intelligences artificielles va-t-elle prendre la place de la musique faite par les êtres humains dans nos playlists ? C’est une menace que craignent les artistes musicaux.
Les auteurs, compositeurs et interprètes sont de plus en plus nombreux à être confrontés à des contrefaçons de leur travail réalisées par des intelligences artificielles.
Cette collaboration des superstars Drake et The Weekend en est un parfait exemple. Un featuring des deux artistes intitulé Heart on my sleave a accumulé des millions de vues et d’écoutes sur les réseaux sociaux, sauf qu’il s’agissait d’un titre généré par une intelligence artificielle.
Pour obtenir un tel morceau, l’Intelligence artificielle a été entraînée sur la base des discographies de Drake et The Weeknd. Un entraînement légal, notamment en Europe, selon la directive sur le droit d’auteur de 2019 : si l’auteur s’est expressément opposé à la collecte de ses données, cette collecte n’est pas possible, lorsqu’il s’agit d’un usage commercial. Dans les faits, rares sont les artistes à s’y opposer d’emblée.
Les grandes maisons de disques réagissent
Trois majors, Sony, Universal et Warner ont porté plainte, fin juin 2024 contre les startups Suno et Udio. Ils leur reprochent d’avoir utilisé des morceaux protégés par le droit d’auteur sans autorisation, pour mettre au point leurs technologies.
Des faits reconnus par les deux entreprises qui se défendent en affirmant avoir agi en se basant sur la législation de “l’utilisation équitable” de contenus protégés. Pour elles, ces entraînements faits à partir de discographies d’artistes célèbres comme Elvis Presley, Madonna ou encore Taylor Swift n’ont rien à voir avec du vol ou de la contrefaçon. Il s’agit plutôt d’un système d’apprentissage. “Apprendre n’est pas une infraction. Cela n’a jamais été le cas” a mis en avant Suno dans un billet de blog.
En attendant, les maisons de disques leur réclament des dommages et intérêts qui peuvent atteindre 150 000 dollars pour chaque œuvre utilisée.
Les artistes plébiscitent l’intelligence artificielle
1 artiste sur 3 aurait déjà testé l’intelligence artificielle dans son travail selon une étude du cabinet Goldmedia pour la Sacem et son homologue allemande, la Gema. C’est même plus de la moitié chez les moins de 35 ans. C’est un moyen de trouver des idées et de développer sa créativité pour de nombreux artistes.
Nous avons nous mêmes testé l’outil de Suno, chez Chut!, pour créer une musique qui mentionne l’une des invitées de l’émission Un Monde Nouveau de France Inter du 21 août, Bonnie Banane. Il nous a suffit de générer un texte à partir d’un prompt et de préciser les genres musicaux souhaités pour habiller les paroles.
Pour revenir à l’étude du cabinet Goldmedia, d’ici 4 ans, le marché de l’intelligence générative musicale devrait atteindre plus de 3 milliards de dollars dans le monde, soit un quart de la collecte mondiale des droits musicaux.
Une croissance qui pourrait se faire au détriment des artistes, puisqu’un quart des revenus des auteurs et créateurs de la Sacem et de la Gema pourraient être mis en danger par cette nouvelle source de création, au même moment.
Des solutions pour protéger les artistes des IA musicales
Pour aider les artistes à reprendre le contrôle sur leur œuvre, les artistes Mat Dryhurst et Holly Herndon ont fondé la startup Spawning AI. L’un de leurs projets, le site Have I Been Trained, permet aux utilisateurs de voir si leurs œuvres ont été intégrées à un programme d’entraînement d’Intelligence artificielle sans leur consentement. Ils peuvent ainsi retirer leurs données du programme.
Reste donc aux grandes instances de légiférer face au développement rapide de cette technologie, pour permettre un monde plus transparent, plus créatif et plus serein.