#avecmodération

La friction, c’est bon pour les réseaux sociaux ?

Responsabiliser les utilisateur·trices des plateformes de médias sociaux par des peines pénales toujours plus lourdes, remettre aux plateformes le soin d’interdire ou pas les prises de position de tout un chacun… les recettes contre la haine en ligne montrent rapidement leurs limites.

Les réseaux sociaux sont mis en accusation à longueur d’émissions de télévision. Un réflexe devenu la norme après chaque événement dramatique, notamment face aux différents attentats survenus à l’automne 2020 en France ou en Autriche. Le journaliste Thomas Huchon interpellait alors le réseau au petit oiseau bleu et son système de modération : « Un compte avec 400 abonnés qui diffuse une vidéo qui fait 2 millions de vues en quelques minutes, c’est pas si dur à trouver, avec tes algos et tes modérateurs ? Faites le boulot ou fermons ces réseaux », écrit-il en utilisant le hashtag #Vienne. L’argument de la trop grande profusion des contenus à contrôler souvent mis en avant par les réseaux comme Twitter ne tient pas en ces circonstances. Les algorithmes favorisent les contenus à potentiel viral. Le constat est posé depuis longtemps. Mais questionner la responsabilité des entreprises gérant ces réseaux sociaux sur ce point, c’est défier leur modèle économique.

« Agressivité et addiction »

Les plateformes rechignent à assumer ce rôle d’éditeur, qu’elles tiennent de fait. Pour Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication à Nantes, auteur du Monde selon Zuckerberg (C & F éditions, 2020), ce n’est pas dans la modération que se trouve la clef de la lutte contre les discours de haine. « Les gens ne sont pas mauvais parce qu’ils sont sur les réseaux sociaux. C’est à l’architecture toxique des plateformes qu’il faut s’attaquer », plaide-t-il. « Agressivité et addiction, ce sont les deux conséquences du modèle économique, qui repose sur le fait de retenir les utilisateurs sur les plateformes pour leur proposer une publicité la plus ciblée. C’est donc dans ce modèle qu’on doit trouver la réponse », abonde Joëlle Toledano, économiste et auteure de GAFA, reprenons le pouvoir ! (Odile Jacob, 2020).

Nécessaire régulation

Si Facebook et consorts ne peuvent et ne veulent modérer les contenus publiés sur leurs sites, il faut parvenir à les contraindre à « introduire de la temporalité, de la friction au sens physique », défend Olivier Ertzscheid. « Les plateformes facilitent la fluidité de la dissémination des vidéos. Elles rendent très facile le fait de propager un contenu, sans se poser la question de l’intentionnalité de notre propre partage », explique-t-il. Des frottements dans ce système bien huilé ralentiraient les propagations virales. Twitter s’y essaie depuis quelques semaines, grâce à une nouvelle fonctionnalité. « Vous pourriez avoir envie de lire avant de retweeter », suggère l’appli avant le partage de certains posts. Un premier petit pas vers cette friction qui apaise. Joli oxymore pour contrer la haine. S.F.

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