Mylène Faligot : « Les femmes ont toutes leurs chances dans la tech »
Se priver des femmes dans les métiers du numérique équivaut à perdre leur expertise. Mylène Faligot, cheffe de projet technologies audiovisuelles, à la direction des Technologies, à France Télévisions, souligne l’importance d’écouter leurs expériences, même quand elles sont désagréables.
Quel a été votre parcours ?
Je suis passionnée depuis toujours par la création audiovisuelle. J’ai fait une école d’ingénieur spécialisée dans les nouvelles technologies. Puis, je me suis dirigée en dernière année en management de l’audiovisuel et multimédia. Faire de l’ingénierie à France Télévisions était ensuite une évidence.
Avez-vous souffert d’être une fille, au cours de vos études ?
On comprend rapidement qu’on n’est pas nombreuses ! Au cours de mes études, il y a parfois eu à peine 10 % de filles dans les effectifs… Néanmoins, je n’en ai pas souffert. Je n’ai pas ressenti de dévalorisation liée à mon genre, peut-être parce que les moeurs évoluent et que tout le monde a compris qu’il fallait féminiser la tech.
Les femmes y sont donc les bienvenues ! Mieux : les filles sortent du lot, dans les écoles d’ingénieur, elles ont toutes leurs chances. Si elles ont le niveau, l’envie et la posture professionnelle, elles peuvent être préférées à des garçons, en recrutement. A France Télévisions, j’ai été agréablement surprise d’être accueillie par des directeurs qui me tenaient le même discours : ça fait du bien de voir des femmes, jeunes, dans les services techniques.
Pensez-vous apporter un regard différent sur votre métier ?
Oui. Je vais donner un exemple. Nous travaillons beaucoup sur la réalité virtuelle. Elle propose des espaces qui ne sont pas nécessairement safe pour les femmes. Lors de réunions d’équipe, je suis là pour rendre compte de mon expérience de femme sur ces outils et affirmer qu’il faut la prendre en considération. Mon influence est très concrète. Après, il faut que ce discours soit entendu ! Et comme l’expérience parfois désagréable des femmes n’est pas un sujet qu’on a l’habitude de traiter, cela peut déstabiliser.
Vous intervenez régulièrement dans les collèges et les lycées. Que retirez-vous de ces échanges avec les jeunes ?
Les filles comme les garçons me posent des questions très concrètes sur mon métier et mon secteur d’activité. Je ne perçois pas de différences entre elles et eux. Je n’ai jamais entendu de remarques, par exemple sur la difficulté de concilier vie privée et vie professionnelle. Ils et elles sont jeunes et se posent surtout la question : « Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? » Ce qui les intéresse, ce sont surtout les coulisses de la télé.
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