Quelles sont les missions de l’institut Inria et de sa fondation ?

MURIEL BRUNET : Inria est l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique. Depuis plus de cinquante ans, la recherche et l’innovation technologique de niveau mondial constituent son ADN. Son ambition est de développer des projets scientifiques et entrepreneuriaux créateurs de valeur pour la France, notamment dans le cadre du plan d’investissement France 2030 annoncé par le président Emmanuel Macron en 2021, et dans la dynamique européenne. Ce sont 4 000 scientifiques et ingénieurs qui sont ainsi impliqués dans toutes les grandes transformations technologiques et scientifiques de la décennie, à travers 220 équipes-projets pluridisciplinaires, dans 9 centres au coeur des universités françaises.

L’institut est aussi un acteur mondial de l’open source. Son logiciel de machine learning Scikit-Learn est le troisième logiciel le plus utilisé dans le monde.

Nous sommes un acteur d’importance dans de nombreuses verticales, à travers le programme cybersécurité, le programme numérique et santé, celui concernant le quantique, ou les programmes numériques liés au développement durable ou à l’agriculture. Nous sommes investis sur l’ensemble de ces sujets, aussi bien sur le volet recherche que sur le volet transfert industriel avec plus de 100 start-up accompagnées en trois ans par Inria Startup Studio. Quant au programme Éducation et numérique dont je m’occupe, il a pour mission de mettre toute l’excellence scientifique et technologique d’Inria et de son écosystème au service des politiques publiques en éducation et numérique, d’impulser des actions structurantes nationales et européennes et de promouvoir l’éducation au et par le numérique pour tous et toutes.

NELLY HAUDEGAND : La Fondation Inria a une mission de soutien et d’appui au développement, à travers le mécénat, des projets de recherche, de développement et d’innovation menés par les équipes d’Inria. Elle fait le lien entre les grands enjeux de société, les préoccupations des entreprises et les appétences et expertises de pointe des chercheurs et chercheuses de l’institut pour coconstruire des programmes à impact dans quatre domaines où le numérique joue un rôle critique : la santé, l’environnement, l’éducation, le bon fonctionnement de nos démocraties. Nous développons aussi des programmes moins directement liés à la recherche, qui cherchent à corriger les effets néfastes du numérique ou à en augmenter le potentiel positif d’inclusion, d’émancipation et de protection pour les personnes, la société et la planète. Par exemple, Horizons numériques, qui s’intéresse aux fractures territoriales dans l’accès aux formations au numérique, mais aussi TechPourToutes, bien sûr !

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Quels sont les objectifs fixés au programme TechPourToutes ?

N.H. Nous avons pour objectif extrêmement ambitieux de passer d’un taux moyen de 19 % de diplômées du numérique aujourd’hui à 30 % en 2030 et d’accompagner 10 000 jeunes femmes d’ici à 2027 et 20 000 d’ici à 2029, partout en France. Ceci, dans les filières de formation à l’informatique et au numérique, diplômantes, reconnues par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, et par le minisètre de l’Éducation nationale, conduisant vers les métiers techniques du numérique, ceux où les femmes sont tragiquement absentes. Pour cela, le programme veut agir sur trois fronts : attirer les filles dès la seconde et encourager un très grand nombre de vocations ; les accompagner, éviter les décrochages, favoriser leur réussite ; transformer le système, c’est-à-dire influer de manière systémique sur les conditions d’accueil au sein des établissements et des entreprises. Ces trois axes sont tous cruciaux, mais le point de départ, c’est l’élargissement du « vivier » : il y a là tout un travail de conviction, de réenchantement, de conscientisation de ce que les filles ont toute leur place dans les sciences de manière générale et les sciences du numérique en particulier. La communication va être un levier majeur, en direction des potentielles bénéficiaires, de leurs parents, des enseignants. Et sur le terrain, nous savons pouvoir compter sur tout un réseau d’acteurs locaux, établissements, collectivités, associations, collectifs d’entreprises… qui font un travail de sensibilisation formidable et pourront présenter TechPourToutes comme la suite logique de leur action et une perspective rassurante pour les filles qui hésitent à se lancer. Notre sujet c’est de susciter des vocations qui s’ignorent.

M.B. Nous espérons créer des déclics. Pour cela, nous discutons avec les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, les universités et les écoles postbac, l’Onisep, la Société informatique de France et de nombreux autres acteurs. Nos chiffres, le recrutement de 10 000 filles en trois ans et 20 000 en cinq ans dans les filières du numérique, vont changer la configuration des cursus. Plus il y aura de jeunes femmes, plus cela en attirera d’autres. On est en train de mettre en place un programme d’appui aux politiques publiques qui va transformer le système en contribuant à lever ce frein de l’appréhension d’entrer dans un univers uniquement masculin. Pour le recrutement, nous allons également nous appuyer sur un programme Inria qui existe depuis 2019, le programme 1 scientifique, 1 classe : chiche ! C’est un projet pour lequel nous avons signé une convention avec le ministère de l’Éducation nationale et France Universités pour que chaque classe de seconde puisse rencontrer un ou une scientifique à même de susciter l’intérêt des jeunes pour le numérique et ses sciences, de leur donner envie d’aller plus loin, de les sensibiliser à la diversité et la richesse des différents métiers qui existent derrière les mots sciences du numérique. On essaye par là de rapprocher justement la recherche et l’éducation avec ce focus sur la mixité. C’est un exemple qui illustre très bien notre approche : mettre en place des projets croisés, chaîner les actions et faire écosystème, le maître mot.

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