Piétonnisation, pistes cyclables, végétalisation… La salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville de Paris s’est transformée en un condensé des transformations urbaines que la capitale traverse depuis une quinzaine d’années. « C’est intéressant, nous confie Nelly, 51 ans, ancienne Francilienne installée à New York. On comprend mieux les changements, c’est positif ça fait du bien ».

L’immense espace est repensé comme une promenade dans la capitale. Les installations sont minimalistes « pour ne pas trop en faire » précise Pascal Rodriguez, scénographe de l’exposition. Les structures en bois brut ne sont pas sans évoquer le chantier permanent dans lequel la ville est plongée depuis des années. Il n’envisageait pas la construction de cette exposition autrement : « Il ne fallait ni idéaliser ni dramatiser. C’était important de présenter quelque chose de positif et didactique, un antidote à ce que nous pouvons parfois lire sur les réseaux sociaux ».

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Des références culturelles omniprésentes

Ce Parisien avait à cœur que « le visiteur se sente lui-même Parisien ». S’il avait envisagé l’entrée de l’exposition avec d’immenses miroirs pour nous renvoyer à notre propre appartenance, il a finalement opté pour des portraits imprimés sur de grandes toiles suspendues au plafond. « Il fallait entrer dans cette exposition comme on rentre dans une rue, dépasser les images d’Épinal. » Une fois ces visages passés, on découvre les grands évènements ayant marqué la vie de la capitale ces quinze dernières années. Le film projeté synthétise cette mémoire faite de joies et de drames : l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, l’incendie de Notre-Dame, les inondations, mais aussi les fêtes. « Trois grandes toiles sur lesquelles sont projetées des séquences où se tissent et se croisent les histoires », explique Pascal Rodriguez.

Les références culturelles et cinématographiques sont omniprésentes. Sur un mur sont projetés des extraits de Lupin, la série produite par Netflix avec Omar Sy. Sur le sol, une carte des pistes cyclables de la ville, des écrans diffusant une découverte de la ville à vélo. Plus subtile à saisir, cette « course à vélo » est une réponse au court-métrage culte de Claude Lelouche, C’était un rendez-vous (1976) : « C’était une traversée de Paris en quelques minutes, une course de vitesse dans un Paris vide, on a enlevé les voitures pour les remplacer par des vélos », dévoile le scénographe. Une ville plus apaisée, moins speed que l’on découvre autrement, que l’on prend le temps d’apprécier.

C’est aussi le sens de cet espace contemplatif dédié à la Seine. Assise sur l’un des transats disposés face à un immense écran, Yasmine, 45 ans, apprécie le spectacle et la pause. « On découvre autrement le fleuve, que ce soit sa beauté ou sa longueur. On ne le voit plus à force de le côtoyer. »

Capsule temporelle pour 2042

Derrière la Seine, c’est le retour à la rue, celle aux abords des écoles. Un dispositif numérique, le Wakatoon, permet aux enfants de dessiner des personnages et de les animer ensuite dans des rues piétonnisées, à l’abri des voitures et du bruit. L’animation permet aux enfants de « se projeter en usager » précise le scénographe avant de conclure : « En 2026, plus de trois cents rues seront coupées à la circulation. »

Sur les bords de l’allée principale, sous la mezzanine, on découvre beaucoup d’éléments factuels et d’informations – « un véritable défi de conception réalisé en quatre mois ». L’enjeu était de donner un maximum de données sans que ce soit « ennuyeux », précise Pascal Rodriguez. Au programme : des statistiques sur les Parisien·nes, leurs origines, l’inclusivité du nom des rues… Émilie, 79 ans, regarde des photos de personnes se baignant dans la Seine : « Quand j’étais jeune, je m’y baignais moi aussi, c’est bien si c’est de nouveau possible. »

L’exposition se termine par la projection d’une ville végétalisée idéale. La promenade, réalisée par les services des jardins de la ville, représente une forêt urbaine. Valérie et son compagnon Harry apprécient et imaginent bien des passages aménagés de la sorte dans des rues et parcs de la ville, en réponse au défi climatique.

En dernier échange, le public peut adresser un message aux futures générations grâce à une capsule temporelle. Les écrits et enregistrements audio seront lus en 2042, précise Louise Vorillon, chargée des partenariats à la ville de Paris : « Les jeunes nés en 2024 auront alors 18 ans. »