Les technosolutionnistes à la conquête de l’Olympe

Le réchauffement climatique ? Pas de problème. Les pandémies ? Aucun souci. La criminalité ? La tech s’en chargera aussi. Elle est où tout commence et tout finit. Les technosolutionnistes n’ont aucun doute : elle est un idéal à poursuivre et à implémenter partout dans nos sociétés. Elon Musk en est tellement persuadé qu’il assurait en 2023 face à l’ancien Premier ministre du Royaume-Uni Rishi Sunak que « l’IA remplacera tous les emplois et créera une richesse universelle ». En créant Neuralink, SpaceX, Tesla ou xAI, le patron du réseau social X promet d’arracher l’humanité à ses limites biologiques et terrestres. Après tout, pourquoi vouloir arrêter la marche avant du progrès et prendre le temps de réfléchir aux problèmes qu’elle pourrait poser ?

Cette évidence quasi messianique est portée par de nombreux « tech-bros ». Ces hommes à la tête de nombreuses puissantes entreprises du secteur du numérique partagent un rêve vieux… comme Prométhée. Le Titan est célèbre pour avoir façonné l’homme à l’image de Dieu dans plusieurs récits grecs. Pas sûr que la mythologie soit des sources d’inspiration directe pour Peter Thiel et consorts, et pourtant, le jeu des comparaisons prospère. « Ces mythes ont en permanence été réécrits, ils présentent donc différentes versions aux messages distincts qui résonnent encore aujourd’hui, abonde Fanny Marechel, doctorante à l’Université de Lille au département langues et cultures antiques. Cela n’a dès lors rien d’excessif de voir en Prométhée un miroir des tech-bros. »

À défaut de pouvoir investir dans des startups, Prométhée dérobe le feu sacré de Zeus, allégorie de la technologie et du savoir, pour le donner aux humains. Figure pirate par excellence, il brave l’interdit pour nous offrir le salut à l’image de toutes ces figures « inspirantes » à mi-chemin entre entrepreneurs et idéologues New Age qui sont persuadés que leur business œuvre pour l’humanité.

Grand mal en prit au Titan. Le Dieu du ciel et de la foudre le  condamne alors pour un châtiment éternel. Attaché au Mont Caucase, Prométhée se fait dévorer le foie par un aigle le jour, tandis que la nuit son organe repousse. Le message est clair : on ne trompe pas le roi des Dieux impunément, surtout pour donner un bien aussi précieux aux mortel·les. 

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