Olivier Ertzscheid : « Changer la façon dont les GAFAM fonctionnent passe par la régulation, l’éducation et l’opinion »

Les géants du numérique Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft ont pris unetelle place que les services qu’ils fournissent s’apparentent à des biens communs. Face à leur pouvoir grandissant, les États doivent avoir un droit de regard plus important qu’aujourd’hui, selon l’enseignant-chercheur Olivier Ertzscheid.
Le numérique et la façon dont les GAFAM le façonnent et le modèrent n’est pas encore un enjeu politique majeur. Comment l’expliquer ?
Les grandes plateformes qui ont émergé se sont construites sur des usages non politiques, ou en tout cas déconnectés de la politique, car il n’y avait pas assez d’utilisateurs pour modifier la vie de la société. À partir du moment où certaines d’entre elles sont devenues autre chose qu’un réseau social et qu’elles se sont transformées en d’authentiques médias en agrégeant des individus, des personnalités publiques, mais aussi des médias, des annonceurs et tout un système de diffusion, de suivi et d’espaces d’interactions, elles se sont constituées dans un champ de la vie politique. Le problème, c’est que cette dimension ne s’est révélée que quand elles étaient suffisamment installées et uniquement au moment où elles ont posé problème. De mémoire, une des premières fois où l’on s’est posé ces questions en France, c’est en 2005, quand l’UMP [aujourd’hui Les Républicains, N.D.L.R.] a acheté sur Google des mots-clés comme « racaille » et « émeutes ». En pleine émeute des banlieues, la droite a acheté des espaces publicitaires pour que les internautes soient redirigés vers des sites de l’UMP.
Tant que Google est un outil parmi tant d’autres, sans monopole, chacun peut engager des budgets publicitaires. Mais quand il y a une sorte de guichet unique [Google représente plus de 90 % des recherches en France, N.D.L.R.], la responsabilité et la transparence devraient être absolues. Il devrait y avoir la possibilité d’auditer ces entreprises. Sinon, on est dans une situation où ces plateformes ont la capacité de définir un agenda politique, mais aussi de le faire à l’abri de tout espace délibératif, sans avoir de comptes à rendre.
Les entreprises GAFAM n’ont cessé d’expliquer qu’elles ne faisaient que vendre des annonces et que jamais elles n’envisageaient d’être auditées sur leur rôle politique. Mais elles ont été obligées de sortir du bois. Et il y a un peu plus de deux ans, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a reconnu dans un long post sa responsabilité sociale.
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