En quelques mots, Lily Facilite la Vie, c’est quoi ?

Magaly Siméon. C’est une application lancée en octobre 2018, composée d’un forum et de service payants, animée par des contributeurs qui donnent des conseils et essaient de trouver des solutions aux petits tracas du quotidien. A la différence d’un forum classique, il est modéré. Nous encourageons les commentaires positifs et bienveillants et nous supprimons tous les commentaires qui ne vont pas aider.

Lorsque les réponses des contributeurs sur le forum ne suffisent pas, nous donnons accès aux services payants. Par exemple, l’une des questions qui revient souvent, c’est celle du harcèlement en ligne. Nous avons donc proposé un réseau d’éducateurs spécialisés capable de répondre de manière précise et détaillée aux questions de nos utilisateurs. Mais il est aussi possible également d’avoir accès à des conseils juridiques en cas de séparation, de trouver le soutien d’une plateforme qui sélectionne des artisans pour faire des travaux, nous avons une plateforme qui est spécialisée dans la mise en place de solutions pour rester au domicile quand on est âgé.

Nous proposons également aux entreprises d’acheter nos services pour les offrir à leurs collaborateurs, afin d’améliorer leur qualité de vie au travail.

Pourtant Lily, ce sont les problèmes du quotidien, pas ceux du travail ?

Magaly Siméon. La qualité de vie au travail, ce n’est pas que le travail. Je dirais même que les problèmes du quotidien ont un impact sur le travail. Pour l’entreprise, c’est ainsi une façon de prendre soin de ses collaborateurs, en proposant un service disponible à tout moment, pas seulement sur le temps de travail. Et de manière éthique bien sûr ! L’employeur n’a accès à aucune information, tout est confidentiel et étanche. Nous n’indiquons que les statistiques d’utilisations, les consultations en volume, des enquêtes de satisfaction, pour montrer que le service fonctionne avec des outils de reporting. Parce que cela fonctionne ! Les chiffres sont bons, parmi les retours de nos premiers clients : 40 % des salariés ont un compte en moins de 15 jours, et nos taux d’ouverture sur nos mails sont entre 50 et 60 %.

Grâce aux entreprises, nous pouvons toucher un plus grand nombre de personnes, et ainsi démocratiser notre service et le rendre accessible à tous. Dernièrement, nous avons posté un podcast ainsi qu’un article rédigé par une enseignante qui prépare ses élèves à Parcoursup. Cela nous a permis de proposer un service d’orientation scolaire, avec une psychologue spécialisée en psychologie positive. L’idée, c’est d’aider parents et enfants à construire un projet ensemble et à utiliser Parcoursup comme un vrai temps de réflexion et pas juste un processus administratif. Généralement, ce genre de service relève de la prestation haut de gamme et est réservé à une élite qui a les moyens. Avec Lily, nous le rendons disponible pour tout le monde, via Skype.

De mon passé de dirigeante, j’ai beaucoup vu d’offres qui étaient plutôt réservées aux cadres dirigeants des entreprises. Ce que nous voulons, c’est que Lily soit vraiment pour tout le monde, et en priorité pour tous ceux qui n’ont pas de réseau personnel qui va leur permettre de trouver la bonne réponse au bon moment.

Quel a été le déclic pour lancer Lily facilite la vie ?

Magaly Siméon : C’est justement cela : dans la vie, pour prendre des décisions éclairées, il faut les bonnes infos, et cela vient souvent d’un bon réseau. Cela facilite la vie. C’est cette réflexion qui a fait naître Lily. Sur des sujets du quotidien, quand on ne s’y prend pas bien, qu’on n’a pas les bonnes infos, ou que l’on n’est pas bien conseillé, on peut faire tout de travers, et cela peut avoir de conséquences néfastes qui auraient être évitées. Il y a un marqueur social entre ceux qui savent, qui ont le réseau, ceux qui ont des amis avocats ou médecins, et puis ceux pour qui la vie apparaît très compliquée parce qu’ils sont isolés.

Quand j’ai lancé Lily, j’ai consulté de nombreux forums et un jour, je suis tombée sur ce commentaire : « mon mari hier m’a annoncé qu’il me quittait, on a 2 enfants, qu’est-ce que je peux faire, comment je vais faire ? ». Et la première réponse qu’elle a reçue était : « tu n’as qu’à lui crever ses 4 pneus ». En lisant cela, j’ai compris que cette femme ne trouverait pas l’aide dont elle avait besoin. Dans un cas comme cela, moi j’aimerais qu’on dise à cette femme : « Si tu as des procurations sur les comptes bancaires, il faut les supprimer, il faut aller au commissariat déposer une main courante puisqu’il est parti et il faut faire changer les serrures de chez toi, c’est ce qu’il faut que tu fasses pour te protéger toi, ce sont les premières actions positives qu’il faut faire pour faire face à une situation qui n’est pas facile ». Lily est né de cela : finalement, dans un monde où tout semble compliqué, avoir un bon conseil positif pour se mettre en action, ça peut vraiment faciliter la vie.

Croyez-vous qu’il y ait plus de gens isolés de nos jours ?

Magaly Siméon : Oui. Nous avons aussi une injonction au bonheur qui nous complique beaucoup la vie. On est censé tout réussir et les réseaux sociaux projettent des vies sublimées. Avec Lily, nous voulons remettre de l’authenticité dans les relations sur le web, en partageant nos problèmes et nos expériences qui nous ont permis de les dépasser. Nous voulons être dans le quotidien, là où les assurances sont dans l’exceptionnel.

La liberté de choix que nous avons aujourd’hui est à double tranchant.

Et c’est le numérique qui permet cela ?

Magaly Siméon : Notre service est totalement digitalisé. Nous faisons des contenus ludiques, nous proposons une appli sur smartphone, l’utilisation de Skype, des mailings. Digitaliser, cela signifie utiliser des outils d’aujourd’hui pour régler des sujets du quotidien.

Moi je me dis que la vie est peut-être plus compliquée aussi. Peut-être parce que le champ des possibles est plus vaste. Et cette liberté de choix que nous avons aujourd’hui est à double tranchant. Il y a 30 ans, la vie était plus écrite à l’avance : on avait le même travail toute sa vie, il y avait moins de chômage, moins de divorces. On était beaucoup dans la reproduction de modèles. Aujourd’hui, nous avons l’autorisation d’inventer nos propres vies, de créer notre boîte à 50 ans, comme moi. En même temps, notre époque est marquée par une injonction de réussite : il faut être épanoui, faire du sport, être bien dans son corps, ne pas fumer, ne pas boire trop d’alcool, etc. Il y a 30 ans, c’était plus facile, car tu ne voyais pas les autres, tu te comparais beaucoup moins. On est également en recherche de sens, voilà encore quelque chose qui complique la vie ! Quand tu ne trouves pas de sens, tu te trouves perdu. Je ne suis pas sûre qu’il y a 30 ans la notion de sens avait réellement de l’importance. Tu gagnais ta vie et c’est tout.

Concrètement, comment avez-vous lancé le forum ?

Magaly Siméon. Nous avons réuni un groupe de bêta-testeuses qui ont exprimé l’envie de participer régulièrement au projet, au début tous les trimestres, et maintenant tous les 15 jours. Ce groupe nous a permis d’identifier 3 thèmes qui compliquent la vie : la famille, le domicile et les aînés. Ce sont aujourd’hui nos trois univers dans lesquels on trouve des contenus comme des articles, des fiches juridiques, des podcasts, toujours faits avec un expert que l’on aura identifié pour sa capacité à être dans une vision bienveillante. Tous les mois, nous faisons émerger une thématique. Dernièrement, c’était celle des écrans et des enfants, pour laquelle nous avons interrogé un addictologue. Nous avons fait un podcast, ainsi qu’un article qui donne 5 conseils pour une utilisation plus éclairée des écrans à la maison.

Rappelez-moi votre parcours, comment êtes-vous arrivée à Lily ?

Magaly Siméon : J’ai fait une école de commerce parce que mes parents m’ont inscrit en prépa. Je suis sortie de l’école de commerce, j’ai fait des cv et des lettres de motivation écrites à la main parce qu’on était encore au XXe siècle. J’ai dû envoyer peut-être 20 lettres parce que c’était une époque plus sympa qu’aujourd’hui et j’ai eu 2 propositions de job, dont une dans l’assurance que j’ai acceptée. Et je suis restée dans ce secteur-là pendant 25 ans. J’aime beaucoup ce métier-là parce que je trouve que c’est un métier qui est mal connu, mais dont l’enjeu est sociétal. L’assurance, on ne voit pas toujours, mais elle suit beaucoup les évolutions de société. Les assureurs sont les premiers à avoir intégré la notion de concubinage. Aujourd’hui cela nous semble évident, mais il y a 30 ans le concubinage n’était pas du tout une notion. J’ai vraiment beaucoup aimé ce métier-là. Mais il y a deux ans, je me suis rendu compte que le monde bougeait beaucoup plus vite que l’assurance, qu’il y avait plein d’accompagnement à faire et que le numérique pouvait permettre tout cela. Comme je trouvais que ça n’avançait pas et que je voyais tous ces jeunes autour de moi qui avaient le droit de créer des boîtes, j’ai eu envie de faire partie de cette génération de startuppeurs.

J’ai donc tout quitté, le job que j’avais, un job de dirigeante dans une grosse compagnie avec tous les avantages que cela comporte. Et je me suis dit que j’allais essayer autre chose pour ne pas regretter. Nous vivons à une époque où l’on peut s’autoriser à tester, à se lancer.

Pensiez-vous un jour travailler dans le digital ?

Magaly Siméon : Pas du tout ! Mais cela me plaît beaucoup. C’est une espèce de cure de jouvence. Je ne me contente pas d’en parler, je le vis tous les jours. J’apprends ce qu’est une campagne d’emailing, une campagne d’engagement, je fais des podcasts, j’apprends à coder, je fais la recette de mes plateformes. Le digital a cela de génial qu’il permet de donner naissance à une idée. Et la rapidité que tu peux avoir dans la prise de décision, j’adore ! Venant d’un grand groupe, je vois la différence. Quand tu te plantes et que la mer se retire, tu vois ta bêtise et ça, ça me correspond bien. Là où, dans une grande entreprise, avec les bons mails au bon moment, ce n’est jamais de ta faute et tu n’y es jamais pour rien. Avec le digital, tu as une certaine responsabilité. Et ça, je trouve ça très formateur.