Quelle est votre Madeleine de Proust digitale ?

C’est évidemment le minitel ! Une révolution à l’époque, mais aussi une révélation. Une incroyable innovation qui a ouvert la voie à de nouveaux moyens de communiquer et d’informer que nous ne pouvions pas imaginer. Mon premier site minitel, dans les années 80, était celui d’une association qui accompagnait les lycées et étudiants dans leur orientation scolaire. Le seul vrai souvenir que j’en ai, c’est le temps qui était nécessaire à l’apparition d’une photo, qui se dévoilait, petit à petit, par tranches horizontales, ligne par ligne, et qui pouvait prendre quelques minutes. Inimaginable aujourd’hui !

Aujourd’hui, le digital fait partie de votre métier. Quelle place occupe-t-il ?

Tout est digital aujourd’hui dans mon métier, de la stratégie aux outils, en passant par la façon de penser, d’écrire ou d’illustrer. Impossible de ne pas penser digital pour toutes actions de communication ou de marketing. Impossible d’imaginer une campagne qui exclurait le recours à des outils digitaux. Impossible de ne pas penser SEO, formats d’images… sans penser aux codes et règles du digital.

Digital ou numérique : le débat fait rage aujourd’hui parmi les garants de la langue française. Et vous, qu’en pensez-vous ? Vous tranchez ?

Le sens de ces deux mots n’est pas identique pour la bonne raison qu’ils sont tous deux polysémiques. Mais le débat entre digital et numérique vient plutôt, ou probablement, du fait que la préconisation de l’Académie française n’est pas en phase avec la réalité des usages et des pratiques.

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Si des agences de communication se présentent aujourd’hui comme digitales, et non comme numériques, c’est probablement parce que la numérisation renvoie au traitement informatique des supports de données (films, images, sons), et la digitalisation à la communication via des supports immatériels, applications mobiles, médias sociaux… Pour évoquer la mutation d’une marque, on parle donc bien de sa digitalisation, et non de sa numérisation qui fait plutôt référence à la restauration du support ou à son archivage. Bien que promoteur depuis plus de 30 ans de la langue française et même du respect des règles d’écriture typographique de la langue française, parce que c’est notre patrimoine culturel, il n’en reste pas moins vrai que le sens des mots vient de leur usage. Débattre n’y changera rien. Et être puriste ou avoir raison, seul face au reste du monde, n’y changera rien non plus.

Avez-vous une routine digital détox ?

Oui, je fais deux types de coupures. Je n’adresse pas de mail pro à mes équipes le week-end, et je ne consulte pas ma messagerie. Mais c’est très difficile.

Par ailleurs, je m’impose une fois par an une « digital détox » d’une vingtaine de jour en août. Je coupe totalement Twitter, mais pas Insta, qui reste limité à ma famille et mes proches. Je le répète, c’est très difficile, mais ça me semble indispensable, voire salutaire, quand notre vie devient rythmée au son des notifications des smartphones. L’été dernier, c’était au Japon et c’était la seconde année où je tentais une « digital detox ». J’ai déjà prévu de réitérer cet été.

Quelle est votre dernier coup de cœur digital ?

Mon dernier coup de cœur, c’est tout simplement mon nouvelle iPhone 8. Version blanche pour le perso, pour le distinguer de pro qui, lui, est noir. Maniable, confortable d’utilisation, il ne me quitte jamais.

L’appli ou l’objet que vous recommandez à tout le monde, qu’il soit pro ou perso ?

L’appli simple et efficace, qui répond à un vrai besoin et qui facilite la vie. Je pense autant à Uber, Doctolib qu’à l’appli de mon barbier de quartier qui me permet 24h sur 24 de prendre un rendez-vous, choisir mon heure et la personne à qui je vais confier la taille de ma barbe.

Pour finir, quelle serait votre prochaine aventure digitale ?

Ce qui me fait rêver, ce sont toutes les opportunités qu’offre l’intelligence artificielle, qui ne devrait pas avoir fini de nous étonner, de nous épater, de bouleverser nos pratiques et habitudes, pour faciliter le travail des collaborateurs dans l’entreprise d’un côté, et mieux servir nos clients, avec plus de réactivité, plus de précision, d’autre part.

En matière de communication, ce ne sont pas nécessairement les nouveaux formats ou supports que je n’ai pas encore eu l’occasion d’exploiter qui me font rêver, mais la qualité des contenus et l’intelligence de communication qu’ils contiendront, que nous saurons produire, puis partager et promouvoir grâce à ces outils. Le support ou le format n’est pas grand-chose sans l’essentiel : le contenu. C’est pourquoi je ne me lasse pas de le répéter, mais « Content is King ».

 

Frédéric Fougerat est directeur de la communication et du marketing du groupe Foncia.
Il est l’auteur du livre « Un manager au cœur de l’entreprise » aux éditions Studyrama.
Retrouvez Frédéric Fougerat également sur Twitter à @fredfougerat.