Backup, pour les victimes de viols en zone de guerre

Sillonnant les zones de conflit depuis trente ans, du Burundi à la Libye, la juriste internationale Céline Bardet, spécialiste des crimes de guerre, a plusieurs fois mesuré son impuissance face aux femmes anéanties par les viols répétés. Depuis l’Antiquité, les historien·nes l’attestent avec force : le viol est utilisé comme une arme de guerre, depuis la nuit des temps. Abîmant les femmes sur des générations, il est perçu comme une condamnation pour sa communauté, son village, son camp, par le sort d’une humiliation collective. Les expressions utilisées pour justifier ces infamies en témoignent : dans un conflit, les femmes des vaincus sont considérées comme « butin de guerre », comme le formule José Cubero dans son livre La Femme et le Soldat. Viols et violence de guerre du Moyen Âge à nos jours (Imago, 2012).

Les chiffres sont vertigineux. En 1994, on estime que 500 000 femmes et filles ont été violées au cours du génocide rwandais. Entre 20 000 et 50 000 pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine et au moins 200 000 en République démocratique du Congo (RDC) depuis 1996. Ces données du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (« Le viol comme tactique de guerre ») sont, dans la plupart des cas, largement sous-estimées par rapport au nombre réel de victimes, qui ne se manifestent pas toutes auprès des autorités.

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