Les thanabots : une résurrection numérique
Les thanabots s’immiscent déjà dans nos quotidiens et prolongent, de façon fictive, la vie de nos êtres chers. Comment en sommes-nous arrivés à construire ces bots ? Quel avenir pour ces êtres sous algorithmes ?
Dans le passage de la Nekuia de L’Odyssée d’Homère, Ulysse défie les limites du monde connu pour entrer en contact avec les âmes défuntes. Son but est d’obtenir des conseils de l’oracle aveugle Tirésias sur la meilleure manière de retourner à Ithaque en évitant les dangers. Ce voyage épique offre également à Ulysse des retrouvailles émouvantes avec sa défunte mère, Anticlée. Cet épisode, riche en introspection, apporte une dimension spirituelle et mystique au périple d’Ulysse transformant profondément le héros antique. De l’Antiquité à nos jours, la quête spirituelle demeure une constante de l’expérience humaine. En quête de réponses face à notre existence d’être mortel, nous n’avons jamais cessé de chercher des moyens de transcender notre propre finitude. Récemment, le développement des systèmes de chatbot basés sur les grands modèles de langage (LLM), tels que ChatGPT (OpenAI) ou Claude (Google-Anthropic), nous ouvre à de nouvelles dimensions spirituelles : la résurrection numérique.
Dans la tête des chatbots
Tout a commencé avec la capacité d’entraîner les agents conversationnels en « fine-tuning » (technique d’entraînement par « réglage fin » pour optimiser les performances des IA génératives) à partir de données spécifiques sur des sujets bien précis (ChatGPT et HuggingChat fournissent ce service). Par exemple, à partir des textes du droit français, avec le chatbot legiGPT qui intègre plus de 148 000 articles de loi et peut apporter des réponses techniques aussi pertinentes qu’un avocat de métier. La start-up Character Technologies est allée plus loin avec Character.ai, une plateforme permettant de discuter avec les chatbots de célébrités vivantes, mortes ou même fictives : Eminem, Alan Turing, Jack Sparrow ou bien encore Goku. Les utilisateur·rices peuvent également façonner leur chatbot personnel sur la base de leur propre caractère.
Les expérimentations sur les chatbots ne se sont pas limitées à cela. En s’inspirant de l’épisode « Bientôt de retour » de la série dystopique Black Mirror (saison 2), Eugenia Kuyda décida, à la suite du décès de son meilleur ami Roman, de créer un chatbot du nom de Replika à l’image de son ami défunt. Elle utilisa comme données d’entraînement des milliers de tweets et messages issus de leurs conversations et intégra les traits de caractère qui le définissait. À la fois tragique et fascinant, le premier Thanabot grand public était né, permettant de ramener les mort·es à une vie digitale.
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