Transhumanisme, le grand décryptage
Pur fantasme porté par quelques illuminé·es de la Silicon Valley ou problématique d’avenir ? Quels enjeux se cachent derrière ce mouvement technico-scientifique international qui prétend augmenter à l’infini les performances physiques et mentales de l’être humain ?
1. Singularité et Silicon Valley
Le transhumanisme regroupe l’ensemble des sciences qui permettent à l’être humain d’intervenir dans sa propre évolution biologique : manipulation d’ADN, nanotechnologie, intelligence artificielle, transfert de conscience, membres bioniques… L’objectif ultime étant l’immortalité. Pour le philosophe Jean-Michel Besnier, rien de nouveau sous le soleil : « Les humains ont toujours voulu se dépasser, grandir… Nous sommes foncièrement prométhéens : nous voulons toujours aller contre le destin et s’arracher au déterminisme. » Né officiellement à la fin des années 1980 (principalement en Californie) autour de l’idée de cryogénisation, le mouvement transhumaniste prend réellement de l’importance une décennie plus tard. De l’autre côté de l’Atlantique, Nick Bostrom, philosophe suédois exerçant dans une université en Angleterre, crée la World Transhumanist Association en 1998. Le courant élargit alors son audience et sa crédibilité. Peu après, en 2005, l’ingénieur américain Ray Kurzweil, dans son livre Humanité 2.0 : la bible du changement, prédit qu’en quarante ans, l’intelligence artificielle aura pris le pas sur l’homme. Cette notion, nommée la singularité, annonce la supériorité totale des machines. Le rôle des transhumanistes devient alors de préparer le passage de relais de l’intelligence biologique vers une sorte de post-humain. Les chantres de la Silicon Valley ont déjà fait le deuil de notre civilisation, en témoigne la conquête spatiale effrénée menée par les entrepreneurs tels qu’Elon Musk ou encore Jeff Bezos. La Terre n’est plus pour les humain·es ? Allons sur Mars.
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