Quand l’extrême droite « informe » masquée

Lou média, Neo TV, Maman Vogue, Cerfia France, Le Crayon… Ces comptes se présentent comme des médias et ont pour point commun de se développer sur les réseaux sociaux. Et de compter, parmi leurs soutiens financiers, le milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin, dont les ambitions idéologiques et politiques déteignent sur les contenus diffusés. Par Rozenn Le Carboulec.
Thomas VDB, l’humoriste étiqueté à gauche, pensait accorder une interview à un « média cool et branché ». En 2023, il est invité par Lou, uniquement présent sur les réseaux sociaux, à témoigner de son quotidien de « daddy cool ». Il ne découvre pas les vidéos de ce média dédié aux « femmes fortes et mères inspirantes » ; il confesse « passer du temps à les regarder ». Il est l’un des 285 000 abonné·es de leur page Instagram. Qui, comme lui, consomment les productions de Lou, qui multiplient les interviews de personnalités. Sans se douter qu’elles véhiculent en sous-main des valeurs conservatrices.
Lou n’est pas le seul média qui avance ainsi masqué. Outre sa maison-mère Neo TV, on compte parmi eux Le Crayon, Maman Vogue, ou encore Cerfia France. Aucun, pourtant, n’est inscrit dans la liste officielle des services de presse en ligne reconnus, établie par le ministère de la Culture. Surtout : tous ont en commun un financeur très politique, en la personne de Pierre-Édouard Stérin, milliardaire ultraconservateur qui prévoit d’investir 150 millions d’euros pour faire gagner l’extrême droite aux élections municipales de 2026 à travers son projet Périclès, comme le révélait L’Humanité en 2024. Sous couvert d’« informer et débattre » (pour le Crayon), ou encore de mettre en avant le « quotidien des Français de tous horizons » (pour Neo), ces comptes avancent ainsi à couvert, à la conquête des clics. Et des esprits. « Cela permet de toucher un très large public qui ne se rendra pas compte de son embrigadement dans un écosystème médiatique lié à l’extrême droite, en jouant sur les valeurs de ruralité, le féminisme… Ça me paraît donc très habile, et beaucoup plus efficace que ce que Stérin a essayé de faire sans y parvenir dans les médias traditionnels », analyse auprès de Chut ! l’historien des médias Alexis Lévrier, évoquant notamment l’échec du rachat de l’hebdomadaire papier Marianne par l’homme d’affaires.
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