Nastasia Hadjadji : « Les techno-fascistes se servent de leurs technologies pour nourrir l’élan réactionnaire en cours »

Les masques sont tombés avec la seconde élection de Donald Trump. Les milliardaires de la Tech ont choisi leur camp. Nourrissant sans vergogne la désinformation, ils mettent leurs outils technologiques au service d’un nouvel ordre politique, antidémocratique. Dans son dernier essai, Apocalypse nerds, cosigné avec Olivier Tesquet, Nastasia Hadjadji tire le fil de l’idéologie de ces « techno-fascistes qui ont pris le pouvoir ». Rencontre.
Commençons par le début. Qui sont ceux que vous avez appelés les techno-fascistes ?
Les techno-fascistes sont une poignée de multimilliardaires pour la plupart issus du milieu de la Tech, qui utilisent ces outils technologiques pour mener une guerre idéologique contre la modernité politique, et en particulier contre les démocraties libérales, et sa forme d’État-nation. Il s’agit vraiment d’une contre-révolution qui vise à aller vers une forme de gouvernance privatisée et très hiérarchique. On peut citer Peter Thiel, fondateur de l’entreprise de surveillance Palantir Technologies, qui est engagé dans une guerre presque théologique. Il parle d’Armageddon, d’antéchrist, d’apocalypse… Mais aussi Larry Ellison, fondateur de Oracle, soutien de Trump et Netanyahu, qui fournit beaucoup de services à l’armée israélienne, là où se jouent la guerre algorithmique et la guerre de l’IA. Car la Palestine est le laboratoire contemporain de cette nouvelle guerre technologisée. Ou bien encore Marc Andreessen, « capital risqueur » et auteur d’un manifeste techno-capitaliste, mais également Curtis Yarvin, néo-monarchiste et Nick Land, britannique accélérationniste et transhumaniste. Tous ont une vision maximaliste du techno-solutionnisme, une vision fascisante qui fait fi des problèmes du présent, comme l’explosion des inégalités ou le réchauffement climatique.
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