Merete, vous avez créé, avec d’autres, l’association Digital Ladies & Allies. Qu’est-ce qui vous guide ?

Avec les DLA, nous avons un mot d’ordre : DUGNAD ! Ce mot norvégien désigne le fait de travailler de façon collective pour le bien commun. Dans mon pays natal, la Norvège, les voisins se réunissent deux fois par an pour réaliser des travaux de leurs lotissements. Autre exemple : lorsque les enfants font du sport, les parents viennent en appui. Ils aident à organiser les entraînements et les compétitions. Même lorsque le gouvernement lance un nouveau programme national, il s’appelle « Dugnad », ce qui signifie que chaque citoyen doit contribuer. En créant les DLA en 2018, ce fut naturel pour moi de proposer cela comme cri de ralliement, car ce que nous souhaitons, au-delà de la représentation, c’est amener un changement. Chacun·e de nous porte une responsabilité : le système, l’entreprise ou l’État, c’est nous. Alors, si nous y repérons un problème, il est primordial d’unir nos forces pour le traiter. Chez les DLA, nous sommes des « doers », nous voulons transformer le modèle en apportant notre pierre à l’édifice.

Vous avez occupé de nombreux postes de management. Comment appliquez-vous ce principe au quotidien ?

Je fais très attention aux attentes du client, à ses difficultés, il faut lui être utile ! Je mets un point d’honneur à écouter des profils très variés, dans un esprit d’inclusion. Avec les équipes, j’essaie de créer un espace de confiance où chacun et chacune se sent à l’aise pour proposer des idées nouvelles. Je pousse des modèles de travail collaboratif, sans pour autant diluer la responsabilisation et la reconnaissance individuelles. Dans une approche TechForGood, il est indispensable d’avoir une diversité de talents pour mieux innover. Avec les DLA, par exemple, nous faisons intervenir des jeunes filles de l’association BECOMTECH lors de nos tables rondes, car ce sont elles qui posent les questions qui inspirent l’action. Leur rôle d’Ambassadrices traduit un véritable engagement individuel de leur part !

Qui sont vos rôles modèles ?

Mes grands rôles modèles sont nos mères et nos grand-mères, car elles ont posé les fondations des droits des femmes alors qu’elles vivaient dans des conditions très difficiles. Elles n’avaient pas notre liberté de choix. Greta Thunberg ou Malala Yousafzai sont aussi des figures exemplaires pour moi. Elles agissent par essence dans l’esprit « dugnad ». Leur jeune âge importe peu, leur impact est réel. Soeur Emmanuelle a dit : « Chacun de nous doit changer quelque chose dans ce monde, sinon la vie n’en vaut pas la peine. » Être porté par un mouvement collectif, c’est génial. Mais à un niveau plus personnel, chacun de nous porte cette responsabilité, c’est une des voies de l’accomplissement. La guerre, la crise climatique ou sanitaire peuvent nous décourager. La Tech semble anxiogène. Il ne faut pas baisser les bras, œuvrons dans un dugnad intergénérationnel ! C’est une clé fondamentale qui nous permettra de trouver des solutions.