Les virulents virus de la désinformation sur la santé

Vous souvenez-vous de l’hydroxychloroquine ? Cette molécule était promue par le médiatique médecin Didier Raoult comme un remède miracle contre le Covid, brandie par l’ex-président brésilien Jair Bolsonaro lors d’un discours, prise par Donald Trump à titre préventif lors de son premier mandat. Et même validé par Emmanuel Macron, bien qu’il s’en défende aujourd’hui, sans craindre de réécrire l’histoire… « Un discours alternatif, très très marginal, est alors devenu mainstream », se souvient Nathan Peiffer-Smadja, professeur en maladies infectieuses qui a multiplié les interventions sur les réseaux sociaux et dans les médias pour tenter de partager des informations fiables sur la maladie. 

Face à cette pandémie qui a mis à l’arrêt la plus grande partie du monde, la désinformation en matière de santé a atteint des sommets. Après l’hydroxychloroquine, il y a eu le mouvement de défiance face aux différents vaccins contre le Covid. « En termes de magnitude, j’ai eu l’impression qu’il y a eu un tournant. Les exemples de Donald Trump ou Jair Bolsonaro, qui ont eux-mêmes fait circuler les fake news, le montrent bien. Les réactions ont été à la hauteur de l’ampleur de cette pandémie », analyse l’infectiologue. Les théories les plus farfelues ont circulé et circulent toujours, entre puce injectée ou millions de morts dus aux vaccins. Nathan Peiffer-Smadja relativise néanmoins l’impact de ces théories du complot : « Les “hésitants vaccinaux” restent certes nombreux : en consultation, on me demande souvent s’il est vraiment nécessaire de se faire vacciner cette année. D’autres nous disent aussi tenter des tisanes ou d’autres pratiques de médecine alternative, mais sans s’opposer à la médecine conventionnelle. Les discours extrêmes font beaucoup plus de bruit sur les réseaux que dans la vraie vie. »